Carte du parcours

mercredi 21 janvier 2015

Cambodge partie 2 : Les pistes du Mékong



Nous revoici!
Ce dernier article tout chaud ne l'est pas tant que ça, mais nous manquons cruellement de connexions internet au Laos... Bonne lecture!

Départ de Phnom Penh le 5 janvier, enfin. Marion était sur le point de péter une durite et Étienne se momifiait dans son lit. Après un copieux petit déj' à base de nouilles de riz, nous remontons sur nos montures! 

Derniers moments à la guesthouse : Etienne prend des forces avant le départ
Premiers coups de pédales le long du Tonlé Sap 
(savez-vous que ce fleuve est le seul fleuve au monde à couler dans un 
sens la moitié de l'année, et dans un autre l'autre moitié? dingue, non?)

Une dizaine de kilomètres après la sortie de Phnom Penh, l'état de la route nous annonce déjà la couleur pour les jours à venir : la voirie se réduit brusquement de 4 voies à 2 voies, avec un bas-côté en terre. Quelques kilomètres plus loin, le macadam est discontinu et nous roulons la majorité du temps sur une piste caillouteuse.

Piste de terre... Vive la poussière...
Piste de graviers... Ne pas respirer...!
Heureusement, Marion repère une route secondaire qui longe de plus près le Mékong. En plus d'être goudronnée, celle-ci est très animée, avec de nombreux écoliers de retour de l'école, plein de petits magasins, des ateliers...  bref une vraie vie de village cambodgien.
Alors que la route principale bifurque et s'éloigne du Mékong, nous choisissons de rester, pour les quelques jours à venir, sur de petites pistes qui serpentent le long du fleuve. Ces journées furent, assurément, nos plus chouettes moments au Cambodge.

Ce voyage nous rajeunit!
Vue sur le Mékong

Nous roulons la plupart du temps sur de la terre damée, dont la teinte rouge colore rapidement nos vélos, nos sacs et nos visages. De temps en temps, nous apercevons notre copain le Mékong entre les bananiers qui bordent la piste. Mais ce qui est vraiment étonnant, c'est la présence ininterrompue des maisons, de part et d'autre du chemin. Nous sommes dans une sorte de village continu.
Les maisons sont très simples. Elles sont construites en bois et sur pilotis. Sous le plancher pendent des hamacs et se tiennent de grandes vaches blanches. Elles sont vraiment impressionnantes par leur taille et leur allure très nobles. Certaines portent des colliers décoratifs. Ici, pas de voitures. Nous ne croisons que des scooters, des vélos, et des charrues. Quelques très rares tracteurs ou pick-up. Quelques télés tout de même. À notre passage, tous les enfants courent hors de chez eux pour nous interpeller. Ils crient inlassablement des "Hellos!" et des "Bye-bye!" jusqu'à ce que nous disparaissions de leur champ de vision. Parfois nous avons droit à des "What is your name?", et même des "I love you!". Certains nous tendent le bras pour que nous tapions dans leur main ou nous courent après. Le nombre de ces enfants est hallucinant! À la fin de la journée, nous ne savons plus ce qui est le plus fatigant : rouler 90km sur pistes, ou répondre aux appels des enfants!

Quaaaand...une camion passera...  La poussière s'envol'ra... 
J'verrai la vie en rose...
Les femmes et les hommes portent le Krama, ce tissu à carreau 
qui peut servir de chapeau, de ceinture, d'écharpe ou de pagne
Ces quelques jours ont été vraiment magiques. Nous avons été marqués par la bienveillance et la générosité des Cambodgiens que nous avons croisés. Leur curiosité à notre égard et leur envie de communiquer nous ont semblé plus fortes encore que celles des Thaïlandais ou des Malais.

À Kampong Cham, nous faisons une belle pause le temps d'une après-midi. Nous buvons de l'eau de coco et grignotons des brochettes sur la berge surplombant un superbe pont en bambou de 800m de long (ce pont est reconstruit tous les ans après les crues du Mékong). Nous visitons un temple à la sortie de la ville, qui date du IXe siècle, époque préangkorienne. Il a une particularité amusante : un nouveau temple a été construit dans son enceinte. Le contraste entre les vieilles pierres et le nouveau temple coloré est surprenant. En rentrant à Kampong Cham nous rencontrons Fabian, un cyclo australien qui termine son voyage par le Cambodge et avec qui nous passons, bien sûr, la fin de la journée à discuter voyage à vélo.

Vue sur Kampong Cham
Bonne chance, petit poisson!
En face du grand pont de bambou
Le temple No Kor de Kampong Cham
Contrastes entre ancien temple et nouveau temple
Après Kampong Chan, nous rejoignons une nouvelle petite piste qui longe le Mékong. Les premiers kilomètres sur cette piste sont incroyables, la vue sur le Mékong est très belle car la piste le surplombe et le suit de très près.  


Pour les pauses, nous nous arrêtons souvent chez un vendeur de jus de canne à sucre qui nous en sert deux grands verres bien remplis. Lorsque le jus de canne est parfumé à l'aide d'un morceau d'ananas ou d'une petite orange, c'est encore meilleur! Comme nous, les jeunes Cambodgiens en raffolent, et les vendeurs de jus se postent très souvent à la sortie des écoles. Sur les bords de la piste, nous achetons régulièrement des fruits tels que des ananas, des pastèques et des bananes. Ces fruits sont souvent petits mais ils ont beaucoup de goût.
Un vendeur de jus de canne à sucre
La partie du Cambodge dans laquelle nous nous trouvons est majoritairement peuplée de l'ethnie Cham, qui est de confession musulmane. Nous passons devant de nombreuses mosquées, les femmes sont souvent voilées et les hommes portent le chapeau de prière.
 
Une mosquée (sur pilotis aussi, bien sûr!)
Avant d'arriver à la ville de Kratie, nous empruntons une route macadamisée. Le vent est très violent et nous freine beaucoup : nous faisons des relais tous les 5km pour nous motiver. Nous traversons alors de très beaux paysages de rizières parsemées de vaches blanches et de paysans travaillant à la récolte du riz. 
Le vent souffle sur le Mékong...

À Kratie, nous posons la pédale une demi-journée. Nous goûtons au dessert local : des morceaux de gâteau de riz et de manioc, des sucreries à base d'oeuf, et une fève sucrée sont placés dans un petit bol. Le tout est recouvert d'un mélange de sucre de palme liquide, d'eau de coco et de lait concentré. À déguster face au Mékong, avec un joli coucher de soleil!
Après un souper de poisson grillé dans la rue, nous passons la soirée à discuter avec Jef et Julien, deux Bruxellois qui logent dans la même guesthouse que nous.

Le Mékong aux alentours de Kratie. Quelques dauphins de l'Irrawady 
vivent encore ici, mais leur espèce est en voie de disparition.

Le lendemain, la route est particulièrement désagréable (un macadam défoncé, avec trous et bosses). En milieu de matinée, une pastèque réussit tant bien que mal à nous changer les idées, et nous reprenons la route vers Stung Treng. Une dizaine de kilomètres plus loin, sur un sol tout aussi cabossé, nous débouchons sur la grosse route n°7.
Il s'agit d'une route principale, reliant Phnom Penh au nord du pays, jusqu'au Laos. Nous la suivons pendant les trois jours suivants, jusqu'à la frontière du Laos.
Malgré son statut, cette route n'est macadamisée que sur quelques rares tronçons. La majorité du temps, nous roulons sur de la terre damée. Parfois le sol est très caillouteux et nous avançons avec peine. Les zones en travaux et les différents revêtements se succèdent sans logique apparente. Nous sommes doublés par de nombreux scooters, quelques jeeps et de lourds camions qui remuent le sol et nous entourent de nuages de poussière. Le visage et les cheveux de Marion sont vite recouverts d'une épaisse couche de terre brune!
Nous traversons alors une région moins dense, avec des paysages secs et sauvages, sans habitations ni plantations. Les bords de la route sont déserts, mises à part quelques vaches qui broutent les herbes roussies par le soleil.
Pourtant, nous roulons avec plaisir : cette large route poussiéreuse contraste fortement avec les petites routes que nous empruntions jusqu'ici, et nous apprécions le côté plus sauvage de cette région.

Fsch....  Fsch... Je suis ton père ....
Etienne : "On est bientôt arrivés Marion?" Marion : " Heu...oui je crois!"
Vos papiers, s'il-vous-plaît!
Dans le village de O Krieng, pas de guesthouse bien sûr. Nous repérons rapidement le monastère. Un moine nous offre l'hospitalité et nous indique dans quel bâtiment nous pouvons nous installer. Nous déroulons nos matelas et accrochons notre moustiquaire dans la salle de prière, élevée sur pilotis et ouverte sur l'extérieur. Dans le fond de la pièce, Bouddha est éclairé de quelques lampes. De jeunes moines vont et viennent, et nous jettent quelques regards curieux. Le soir, au restau, une deuxième casserole de riz sera nécessaire pour combler notre faim!
Nous nous endormons rapidement, dès notre retour au monastère, vers 19h. Dans le fond de la salle, les jeunes moines récitent leurs prières et sont régulièrement corrigés par leur maître.
Un restau-marmites classique (riz à volonté, accompagné 
d'un plat à choisir parmi les différentes casseroles)
Je vais me la faire, cette poule! (Les poules sont encore en vie dans les sacs)
Quelques dizaines de kilomètres plus loin, quelques maisons font leur apparition. Sur les bords de la route, du manioc épluché et coupé en morceaux sèche au soleil. Les paysages sont très secs, et les plantations de manioc sont les seules que l'on aperçoit. Nous nous arrêtons pour manger des biscuits et des bananes séchées à l'ombre d'un arbre, devant une maison. Un petit garçon est occupé à charger du manioc dans deux grands seaux. Sa maman rigole en voyant nos vélos, et la quantité de sacs que nous transportons.
Epluchage et découpe du manioc
Séchage sur les bas-côtés de la route
Mise en sac et transport du manioc
Dans la ville de Stung Treng, après une bonne douche, nous sortons déjeuner en face du fleuve, dans une gargote tenue par une dame très gentille. Elle nous sert d'excellentes soupes de nouilles fraîches, accompagnées de noix de coco à boire. Nous sommes abordés par un jeune homme cambodgien qui parle un petit peu anglais et nous parle de son pays pendant un bon moment. La dame qui nous a servi à manger s'installe avec nous, et nous offre un morceau de manioc ("it's cambodgian!"). Elle ouvre nos noix de coco pour que nous puissions manger la chair, et nous offre aussi un bol rempli de petites prunes marinées, légèrement sucrées. Nous les mangeons avec elle et le jeune cambodgien, en discutant.
Marion le matin
Marion le soir
Petite course-poursuite à la sortie de l'école
Le marchant ambulant
Nous décidons de ne traverser la frontière laotienne que le surlendemain. Nous profitons donc un jour de plus du Cambodge, qui nous a définitivement séduits. Une journée de plus, pour traîner au marché, manger dans des restau-marmites, boire de l'eau de coco au bord du fleuve, et faire de nouvelles rencontres...

Le lendemain, une soixantaine de kilomètres seulement nous séparent de la frontière du Laos. Nous débouchons alors dans la belle région dite "des 4000 îles"... dont on vous parlera plus tard!

PS : Merci pour vos messages d'encouragement et de bonne année!


3 commentaires:

Miriana a dit…

Bonjour, ce sont de belles photos, surtout celle où il y a les deux enfants. Ça doit être difficile de rouler sur les graviers.

voyage au vietnam a dit…

Un tres bon partage et de tres belles photos. ca m'interesse bcp. Bonne continuation !!!

Unknown a dit…

Bonjour

Je compte faire le même itinéraire en sens inverse en partant de Kratie jusqu'a Phnom Penh
Par contre, je n'ai pas pris de vélo avec moi donc si je m'en débrouille un sur place à Kratie, je risque d'avoir un vélo de ville assez vieux j'imagine
Est ce que vous pensez que les pistes seront quand même pratiquables ? et est il difficile de trouver la route qui longe le Mekong et passe par les villages. Je compte partir des dimanche prochain de Kratie
Je vous remercie d'avance
Votre blog et magnifique et très enrichissant

Ouri