Du
1er au 18 décembre 2015
L'Arménie.
On en sait peu de choses, finalement, à notre passage de frontière... génocide,
ex-URSS, montagnes... voilà ce que nous évoque vaguement ce petit pays.
Les
montagnes, on ne peut pas les oublier : toute l'Arménie est perchée sur un haut
plateau qui se dresse face à nous. Pour notre premier jour en Arménie, nous
avons 2000m de dénivelé à grimper! De quoi se mettre en jambe.
On entre en Arménie le 1er décembre et la déco de Noël est déjà prête! |
On découvre l'alphabet arménien, et on retrouve l'alphabet cyrillique |
Avant de monter, la route traverse le village de Mehgri. Tout de suite, on se sent dans
un autre monde, la Perse est déjà loin. Nous retrouvons, avec amusement, tout plein de petits signes qui caractérisent
les pays d'ex-Union soviétique. Comme les Ladas, les grillages de fenêtre en
forme de soleil, les mots de russe qui nous permettent de communiquer, les blocs de logements, les
hommes au crâne rasé et veste de cuir noir... et bien sûr, les immenses rayonnages de vodka dans les petits magasins!
Ça
fait deux mois qu'on n'a pas avalé une seule goutte d'alcool, mais bon, on a un
fameux col à passer aujourd'hui... donc la petite gougoutte ce sera pour plus
tard!
Vue de Mehgri dans la brume |
Ce qui change aussi beaucoup, c'est le contact avec les gens. On s'en rend compte tout de suite : plus personne ne nous hèle, plus personne ne traverse la rue pour nous serrer la main, plus personne ne nous sourit dès le premier regard. Les visages sont assez fermés, et il faut désormais que nous soyons les premiers à "casser la glace" pour établir un contact.
Nous
entamons la grimpette. La pluie ne tarde pas à tomber, et réveille de
puissantes odeurs de feuilles mortes et de champignons. Nous gardons le moral.
Nos deux petits vélos se hissent lentement dans la brume froide et humide.
Dernier coup d’œil sur l'Iran |
Puis, la pluie devient neige... la neige, ça mouille moins et c'est plus joli. Les genoux travaillent dur, car les pentes sont fortes. Ceci dit, heureusement, car dans le cas contraire il nous serait difficile de monter 2000m par une si courte journée d'hiver!
Les
derniers lacets apparaissent, et nous apercevons une petite maison située juste
avant le col. Et, ô miracle, de la fumée s'échappe de la cheminée! Marion est
frigorifiée et fatiguée, et nous entrons nous réchauffer dès le premier signe
de la main qui nous est adressé.
C'est
une petite maison constituée de trois pièces en enfilade, avec un poêle au
milieu, quelques lits à ressorts, une table, des murs nus, et une toilette
extérieure sans porte mais avec une vue royale sur les cimes enneigées. Cinq
hommes vivent ici et veillent à ce que le col reste ouvert tout l'hiver... ce
soir, et toute la nuit durant, ils travaillent dur pour libérer les camions
coincés. Nous, on nous offre le café, des chaises près du poêle, et un vieil
homme se fait un devoir de retourner régulièrement nos gants et nos chaussures
pour qu'ils sèchent bien. Au bout d'une heure, nous nous rendons compte que la
nuit ne va pas tarder à tomber, nous traînons encore un peu... et l'invitation
à rester pour la nuit ne se fait pas tarder. Il y a deux lits de libres, nous
avons de la chance. Cela vous paraît peut-être un peu opportuniste, mais que
voulez-vous, nous avons encore nos habitudes iraniennes!
Deux de nos hôtes devant la petite maison du col |
Le
lendemain matin, nous sommes bien reposés. Nos hôtes, eux, se sont relayés pour
déblayer la piste avec bien du courage, et du café à la vodka pour se tenir
chaud. Il fait merveilleusement beau, les montagnes scintillent, nous pouvons
repartir. Sauf que la piste est gelée, et il faut maintenant descendre sur du
verglas! On prend notre temps et on finit par arriver en bas sans trop de
dégâts... Marion a quand même glissé une fois et s'en tire avec un gros bleu à
la jambe, et Étienne a fait un magistral 180°, de manière à se retrouver dos à
la pente, mais a réussi à se stabiliser au dernier moment!
En haut du col |
Nous
descendons jusque Kapan, ville de style soviétique, moche et lugubre à souhait.
Le gars du cybercafé nous offre internet et des impressions, avec un grand
sourire qui réchauffe quelque peu l'atmosphère du lieu. Pauvres habitants... il
y a des endroits tellement déprimants que nous les traversons le plus vite
possible!
En Europe ce bus serait prisé des hipsters, ici, c'est tout ce qu'il y a. |
Le lac en contre-bas est en partie gelé |
En été ça doit être sympa! |
![]() |
Souvenir d'Iran, le sirop de raisin aux graines de lin moulues |
Le lendemain
, nous avons affaire à une véritable tempête de neige en haut d'un deuxième
col. Les flocons sont énormes, nous ne voyons pas à deux mètres. Il nous faut
sans arrêt secouer les bras et les épaules pour faire tomber la neige qui
s'accumule. Lorsque nous atteignons Vorotan, dans la vallée suivante, nous
sommes deux glaçons rigides en quête du premier poêle venu!
Ohoh! |
Ce
jour-là, on ne dépasse pas Vorotan, et après avoir mangé, nous atterrissons
dans l'hôtel du village. Enfin... ce n’est pas vraiment un hôtel. À côté de la
cuisine familiale, un vieux couple nous installe dans une chambre chauffée au poêle. Le village enneigé est plongé dans l'obscurité, on s'éclaire à la
bougie. À l'extérieur, une marmite fume sur un feu de bois : notre eau chaude
pour la douche. Finalement, c'est charmant et confortable, on est contents!
Pour
le petit-déjeuner, le vieux couple nous invite à partager leur poêle. On
s'installe ensemble autour de la table, sous la lueur de la bougie et les
premiers rayons de soleil. Nous partageons le repas, et nos compagnons testent
avec curiosité le porridge au raisin. De notre côté, le challenge est de taille
: nous devons vider un bol entier de Rash : une soupe au pain, aux
tripes, et au gras (la vache a été tuée il y a quelques jours), accompagnée
d'ail cru, d'un bouquet d'estragon, et de vodka. Attention, pas n'importe
quelle vodka, s'il-vous plaît! Il s'agit de vodka MAISON, pas de la petite
bibine à 40° qu'on trouve dans le commerce... non! Ça, c'est de la 70°! Voilà
ce que nous explique avec entrain notre grand-père, qui s'enfile stoïquement
trois verres pour bien commencer la journée. Nous, on n’en revient pas... et on
refuse poliment de le suivre. Dans ces cas-là, le vélo est une très bonne
excuse, tout le monde comprend qu'on ne peut pas tenir sur le vélo en ayant bu
de la vodka. Alors, le grand-père nous amène de "l'eau", c'est à dire
du vin maison... la plus horrible
piquette de notre vie!
Étienne qui lit |
Le boiler de l'hôtel |
Vous prendrez bien une petite goutte? |
C'est
donc avec le sourire, l'haleine puissante et le ventre chaud que nous quittons
Vorotan. Le soleil est revenu, et nous espérons que la glace sera rapidement
fondue. Erreur! Ici, lorsqu'il neige, la neige se tasse et devient glace, rien
ne fond à -10°C! Goris ne se trouve qu'à une douzaine de kilomètres, plus haut
sur la montagne... mais il nous faudra la matinée pour y arriver, car nous
sommes obligés de pousser les vélos la plupart du temps. Les voitures, elles,
sont habituées au verglas, et nous les voyons nous doubler avec des roues
arrière qui dévient de manière impressionnante... mais le conducteur, confiant,
reprend le contrôle et continue sa route tranquillement!
La
route scintille sous le soleil, les pentes sont recouvertes d'un épais manteau
blanc, les moineaux sifflent doucement, c'est beau. Mais c'est dur. Goris,
enfin. Nous faisons quelques courses en espérant pouvoir continuer à rouler sur
une route dégagée. Mais dès la sortie de la ville, on s'aperçoit que la route
est impraticable. Même les voitures réfléchissent à deux fois avant de s'y
engager, et on en voit certaines qui patinent laborieusement. Il nous faut
revoir nos plans.
Notre
cher ami Tigrou nous rejoint demain soir, avec son beau vélo rouge, et nous, on
est coincés à Goris...!!!! On avait prévu de pédaler avec lui sur un plateau à
2000m d'altitude... et ben ça va pas être possible. La météo nous promet un ciel
bleu pour toute la prochaine semaine, mais des températures qui ne permettront
pas à la glace de fondre de si tôt.
Nous
décidons de tenter de rejoindre Yerevan (la capitale) en stop-camion, mais les
camionneurs semblent bien trop concentrés sur le verglas pour nous remarquer au
bord de la route. Heureusement, en fin de journée, nous rencontrons un homme
qui parle anglais (fait assez exceptionnel en province arménienne), et qui a un
ami partant à Yerevan le lendemain à l'aube, pour livrer des sacs de céréales.
Il peut nous emmener pour un bas prix. Tout s'arrange. Nous réussissons à
joindre Tigrou pour le mettre au courant. À 6 heures du matin nous embarquons,
à 8 heures le soleil pointe le bout de son nez au-dessus de la neige, et nous
évoluons dans un paysage de livre d'enfant, aux couleurs pastels. À 9h, notre
gentil chauffeur nous offre le café.
Comme
beaucoup d'Arméniens, il nous explique que plusieurs membres de sa famille
vivent à l'étranger. Lui a une soeur en Allemagne, l'autre aux États-Unis. Les multiples
massacres et le génocide commis par les Turcs, ainsi que la chute de l'URSS,
ont dispersé la population arménienne à travers l'Europe et l'Amérique. Nous
apprenons que la diaspora arménienne est plus importante numériquement que la
population d'Arménie (les chiffres varient beaucoup... selon Courrier
International, elle serait trois fois plus importante).
![]() |
Vous saviez que Charles Aznavour est arménien? Son nom arménien c'est Շահնուր Վաղինակ Ազնաւուրեան (Chahnour Vaghinag Aznavourian) |
Lorsque
nous entamons la descente dans la vallée de l'Araxe (nous l'avions quittée en entrant
dans le pays), la vue est splendide: face à nous se dresse le majestueux mont
Ararat. Un volcan aux neiges éternelles qui, du haut de ses 5165m, surplombe de
loin tout ce qui l'entoure (Yerevan se trouve à 900-1000m d'altitude seulement).
On comprend pourquoi il est si connu et si admiré, ce volcan. Et puis, c'est
aussi sur ce sommet qu'aurait accosté l'Arche de Noé, après le Déluge...
Malheureusement pour les Arméniens, le mont Ararat se trouve maintenant en
Turquie. Enfin, au moins, d'ici, on en a une jolie vue.
À Yerevan,
on se trouve donc un petit nid douillet pour passer la semaine et accueillir
Tigrou qui arrive de Belgique par avion!!!
En Arménie, le chech du Kirghizstan se fait remplacer par le bonnet! |
Nous
passons la semaine à découvrir Yerevan et sa région, en alternant balades et
visites dans la ville, et virées à vélo à la découverte des vieilles églises
aux alentours.
On
dirait que Yerevan, la capitale de l'Arménie, n'a pas encore beaucoup évolué
depuis la fin de l'Union soviétique... mis à part la rue piétonne et les
nouveaux magasins/cafés/restos branchés, elle reste principalement constituée
de longues avenues perpendiculaires, d'imposants monuments soviétiques, et de
quelques places monumentales. Bref, on ne lui a pas trouvé beaucoup de charme.
Par contre, on a bien aimé :
-
contourner le chantier abandonné avec vue sur la ville,
- observer
les avions russes dans le parc de la Victoire (pour Étienne),
- retrouver
le goût du vin chaud au petit marché de Noël,
- assister
à l'opéra de Carmen chanté en français avec accent russe (belle mise en scène),
-
apprendre l'histoire du génocide arménien au musée du génocide (nous n'en
savions presque rien),
-
écouter les aventures de certains livres anciens au musée des manuscrits,
- admirer
des trésors datant de l'âge du bronze au musée national
Nous
avons vraiment été épatés par la qualité des musées à Yerevan, la compétence de
nos guides, la richesse des collections.
Le musée cascade |
Tigrou et Marion en plein débat sur l'interprétation possible de cette forme |
En haut, le musée n'est pas fini, et ça fait un bout de temps |
Cette station de téléphérique est abandonnée depuis la fin de l'URSS |
Marché de Noël = vin chaud |
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L'église orthodoxe de Saint Grégoire, et l'Opéra |
Ce tunnel piétonnier est une ancienne ligne de chemin de fer |
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Le mémorial du génocide |
Et
puis de temps en temps, on prend nos vélos par les cornes, et on va donner
quelques tours de roue sur les collines autour de Yerevan.
- à 20km
à l'ouest de Yerevan : les ruines de la cathédrale de Zvartnots (7e s.),
et Echmiadzin, la ville où se trouve le siège de l'Église apostolique
arménienne.
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Zvartnots, avant |
Zvartnots, maintenant |
"Mon petit bonheur communiste!" : réplique de Tigrou dès que l'on croise des éléments datant de l'URSS et ayant pour but de divertir la population |
- à
40km au sud de Yerevan : le monastère de Khor Virap (7e– 13es.),
situé à quelques centaines de mètres de la frontière turque, et qui fait face
au mont Ararat. Bon, le mont Ararat, on ne le voit pas bien à cause d'une brume
épaisse qui s'est installée depuis plusieurs jours dans la vallée... dommage.
Mais le monastère est joli, et il a une histoire rigolote : c'est ici que Grigor
(saint Grégoire l'Illuminateur), fut jeté aux oubliettes par un roi d'Arménie
qui persécutait les chrétiens, au IIIe siècle. Mais Grigor survécut
miraculeusement au fond de sa fosse, durant 13 ans. Un jour, le roi, après
avoir persécuté et sainte Gayané et sainte Hripsimé, tombe malade et se
transforme en sanglier. C'est alors que Grigor apparait comme le seul capable
de le soigner. Il guérit le roi et le converti au christianisme par la même
occasion : en cette année 301, l'Arménie est le premier pays au monde à devenir
officiellement chrétien, et saint Grégoire l'Illuminateur devient le premier catholicos
de l'Église apostolique arménienne.
Sur la route de Khor Virap, à Artashat : l'association subtile d'une église apostolique et de blocs soviétiques |
Jeux de lumières à Artashat |
Le monastère de Khor Virap, et le mont Ararat dans la brume |
La frontière turque, c'est la ligne de barbelés qu'on voit en arrière-plan |
- à
40km à l'ouest de Yerevan : le monastère de Geghard, construit à flanc de
montagne, au pied de rochers en à-pic. Ce qui est intéressant, c'est que la
moitié du monastère est creusée dans la roche. L'atmosphère du lieu est
vraiment particulière. Les salles sont grandes et froides, les parois sont
massives, une source d'eau jaillit de l'ombre, les couleurs n'existent plus.
Autour
du monastère, dans les falaises, il y a toute une série de petites grottes
creusées dans la roche : ce sont les grottes des moines-ermites. Incroyable.
Ils vivaient là, dans ces petits trous surplombant le monastère, exposés aux
vents et au froid.
L'atmosphère qui règne dans ce monastère avait quelques chose de fantastique |
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Les salles 4, 6, 7 et 10 sont creusées dans la roche |
![]() |
Les Khatchkar (littéralement pierre à croix) sont une spécificité de l'art arménien, on les trouve partout, incrustées dans les murs, sous forme de stèles ou gravées dans la roche |
La grenade symbolise la fécondité (sur le haut de la coupole) |
Ces grottes servaient de lieu de retraite pour des moines-ermites |
Ce gavit est entièrement creusé dans la roche |
Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs,... |
Sur le chemin du retour nous visitons le site de Garni, ce temple a été reconstruit avec un grand nombre de pierre d'origine et est dédié à Mithra, il date du 1er siècle Ap.J-C |
- à
90km au nord (là, on y va en voiture, par crainte du gel) : le monastère de
Sevanavank, perché sur une presqu'île du lac Sevan, à 1900m d'altitude. Alors
que Yerevan est plongé dans le brouillard, ici, le lac est balayé par les vents
et baigné de soleil. Le monastère, stoïque, campe sur ce bout de terre glacée,
comme un iceberg au milieu des eaux.
On est quand même bien content de ne pas devoir camper ici |
Encore un khatchkar |
C'était
notre dernière visite avec Tigrou... il s'envole déjà pour Bruxelles. Mais ce
n'est qu'un petit au revoir, car nous ne sommes plus si loin du but! Dans un
peu plus de six mois, nous serons de retour!
Pour
l'instant, nous rédigeons le blog, faisons une dernière lessive, chargeons les
vélos, et nous reprenons la route... vers la Géorgie. La Géorgie, c'est en fait
le seul pays où nous pouvons aller, maintenant.

En
route pour la Géorgie, donc. Nous devons de nouveau monter sur un plateau à
2100m, et on redoute un peu de se faire de nouveau bloquer par la glace. Mais
tout se passe bien. Sur le plateau il y a beaucoup de neige, mais la route a
été dégagée et nous pouvons rouler sans soucis. Par contre il fait très froid!
Cette nuit-là, nous avons dormi à -15°C environ... l'eau a gelé dès 19h. On a
dû sortir toutes les couches possibles et imaginables pour réussir à dormir,
même la couverture de survie!
Là, on a eu froid! |
Le
lendemain soir, nous rencontrons un grand chien sur le bord de la route,
manifestement abandonné. Il fait un peu peur au début, car ses anciens maîtres
lui ont coupé les oreilles, et il est affreusement maigre... mais gentil comme
tout, en quête d'affection et de contacts humains. Nous avons adopté Grigor le
temps d'une nuit.
Grigor dans la tente, le ventre un petit peu mieux rempli |
La
route redescend pendant 3 jours, maintenant : nous quittons le haut plateau
arménien et allons retrouver un peu plus de chaleur en Géorgie. Avant la
frontière, nous faisons halte dans la ville d'Alaverdi.
De
toutes les petites villes arméniennes par lesquelles nous sommes passées... Alaverdi
est la plus glauque. Coincée dans le fond d'une vallée étroite, elle est composée
de blocs soviétiques en ruine qui se succèdent sans aucune fantaisie. Pas une
petite placette, pas un restaurant, pas même un petit café (pour nous
réchauffer, nous sommes obligés de pic-niquer dans le supermarché). Alaverdi
est triste, et ses habitants n'ont pas l'air très heureux. Le taux de chômage
est énorme, les gens restent chez eux. L'immense usine sidérurgique qui occupe
une bonne partie de la ville est à moitié abandonnée, mais elle crache encore
une épaisse fumée qui s'accumule devant les montagnes. Aujourd'hui cette fumée
est lâchée plus haut dans la montagne, au moyen d'un long tuyau. Mais il y a
quelques années, la fumée sortait de la cheminée, et engendrait des pluies
acides qui trouaient les vêtements des gens...! Nous prenons le vieux
téléphérique pour nous rendre au monastère qui se trouve en haut de la falaise.
De voir toute cette tristesse en bas, ça donne les larmes aux yeux. Le soir,
nous logeons chez Aram, un couchsurfer de Yerevan qui travaille ici, dans
une association qui aide les jeunes d'Alaverdi au niveau social et éducatif. Mais
Aram est un peu déprimé par l'endroit et souhaiterait travailler ailleurs ou
venir voyager en Europe (mais toutes ses demandes de visas ont été refusées).
Bon. Ça ne nous aide pas à avoir une vision plus positive d'Alaverdi.
Le téléphérique est encore utilisé comme un transport en commun classique. Il relie Alaverdi à Sanahin |
Peut-être la ville la plus triste que nous avons croisée |
Le
point positif, ce sont les deux monastères que nous visitons dans le coin. Le
monastère de Sanahin (au-dessus d'Alaverdi) et le monastère de Haghpat. Deux
petites merveilles classées au patrimoine mondial de l'UNESCO, perchées sur des
plateaux herbeux qui dominent la rivière, en contrebas des falaises. Un paysage
étonnant.
Du monastère d'Haghpat, on peut voir celui de Sanahin sur le plateau voisin |
Il a intérêt à être beau ce monastère! |
Les deux
monastères nous plaisent bien, il y a vraiment une ambiance étrange dans ces
vieilles églises arméniennes... imaginez
de fragiles petites flammes entourées de grosses pierres humides et froides, des
odeurs de mousse et de neige, beaucoup d'obscurité et, au centre, un pilier de lumière
blanche qui tombe du ciel.
Dans tout le monastère, le sol est composé de pierres tombales |
Le monastère d'Haghpat |
Chaque rond de terre-cuite couronne une amphore de plus de 1000 litres servant à stocker le vin |
Nos derniers kilomètres en Arménie |
Dans les restaurants de route en Arménie, on nous installe souvent dans une pièce privée avec rideau et verrou sur la porte pour garantir notre intimité! |
Petit extrait du régime équilibré du cycliste en Arménie: ce midi, c'est brochette enveloppée de lavach avec frite et pain! Pas vraiment le choix... |
Dernier camping en Arménie, on espère qu'il fera plus chaud en Géorgie! |
L'Arménie, c'est fini, nous voici en Géorgie! Ce matin nous passons la frontière. Jamais encore le passage de frontière ne fut si facile et si rapide, un vrai bonheur! Il fait beau, il fait plus chaud, les montagnes sont derrière nous et le paysage s'ouvre sur de grandes étendues brunes, sillonnées par les vignes. Dans un jour, nous sommes à Tbilissi, et dans une semaine, nous avons de nouveau de la visite!!!
3 commentaires:
Toujours autant de plaisir à suivre votre voyage !
L'hiver donne énormement de cachet aux photos !
Bonne route en Georgie puis probablement en Turquie.
Beauté sauvage et primaire mais quelle dureté, quelle souffrance !
Chapeau bas pour cette incroyable endurance.
Frissons garantis en visionnant ces petits moments que vous nous faites partager.
Peu d'entre nous ont le courage et l'abnégation d'aller aussi loin dans l'authenticité de la vie la plus simple, au plus près des éléments. Un vrai retour à nos origines ! Quel défi ! Que d'émotions !
Et vous le relevez admirablement...
Grandes félicitations.
Et vive les rivages plus hospitaliers de la Mer Noire et de la Mer Méditerranée !
Ravie d'avoir découvert votre blog. Vous êtes courageux, quelle magnifique expérience.
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