Après notre boucle en Thaïlande, nous rejoignons la ville de Luang
Prabang en bateau (vous vous souvenez de Luang Prabang? Nous y étions passés en
coup de vent, avant la Thaïlande, pour faire étendre nos visas laotiens).
Deux jours de bateau sur le Mékong... l'idée était séduisante. Mais ces
deux jours s'avèrent être un véritable
calvaire : nous sommes parqués dans un bateau avec une bonne centaine d'autres
touristes. Pas moyen de se lever, il faut rester gentiment assis pendant 7h de
suite... nous nous sentons prisonniers, et nous avons même du mal à apprécier
les paysages qui nous entourent.
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Deux jours dans ce bateau, c'est un peu long... |
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Le bateau sert aussi de camion de déménagement : une télé, des meubles... |
À Luang Prabang nous retrouvons Brigitte
et Jean-Marie (une 4ème fois!). Pour eux c'est la fin du voyage,
nous partageons une dernière et belle soirée avec eux . Ils nous donnent plein de bons
conseils sur Luang Prabang, alors nous décidons de prendre notre temps et nous
y restons une semaine complète.
Entre les temples, les mares, les
maisons traditionnelles et coloniales, nous adorons parcourir les rues et les
ruelles de cette petite ville. L'atmosphère y est calme et parfumée.
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Un des beaux hôtels de Luang Prabang |
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Une maison traditionnelle précoloniale reconvertie par l'Unesco
en maison du patrimoine |
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La carte des éléments classés par l'Unesco (temples, mares et habitations) |
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Une mare de Luang Prabang |
Nous sortons de temps en temps de la ville
pour découvrir ses alentours. Entre autres, quelques villages d'artisans, la belle
cascade de Kuangsi, un temple sur l'autre rive du Mékong qui offre un beau
point de vue sur la ville en fin de journée...
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Le boulodrome d'un village en périphérie de Luang Prabang |
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Balayeur de cascade, un métier à risque... |
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La plus belle cascade depuis le début de notre voyage |
Nous prenons le temps de mettre à jour le blog et de prendre soin de nos montures...
Malheureusement, il n'y a pas de nouveau pneu pour Marion. Nous collons des
bouts de chambre à air pour le renforcer, en espérant que ça tienne jusqu'au
Vietnam!
Et bien sûr, vous connaissez nos appétits
gourmands : nous profitons avec joie de la diversité de nourriture que l'on trouve
ici.... petits déjeuners de beignets dans un café de rue peuplé de locaux, buffets
pour touristes, délicieux sandwichs, et,
pour notre dernière soirée à Luang Prabang,
un restaurant gastronomique, dans lequel nous goûtons des plats typiques de la
région.
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Cette dame travaille environ 16h par jour... et 7 jours sur 7 |
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Le grand marché de nuit |
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Dernière soirée à Luang Prabang. Dans un vrai restau! |
L'heure du départ est venue, nous reprenons la route direction le
Vietnam, avec un petit crochet par Muang Ngoi pour y admirer ses falaises.
Le nord du Laos est montagneux et
nous savons que les journées de vélos à venir ne seront pas faciles. Nous
quittons définitivement le Mékong pour suivre un de ses affluents appelé la Nam
Ou. Le long de cette rivière, nous croisons plusieurs barrages hydroélectriques
en construction. Tous construits par China Power...
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Sur le bord de la route des "crêpes d'algues" sèchent
(elles sont dans notre assiette sur la photo précédente) |
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Nam Ou 1 Hydropower Project |
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Nous croisons les camions de livraison! |
Avant de quitter le pays, nous voulons emprunter une dernière piste
laotienne : à Nam Bak nous bifurquons pour nous enfoncer dans la terre brune et
les paysages sauvages.
Sur ses vingt premiers kilomètres, la piste est large et bien entretenue. Nous croisons
de nombreux camions chinois qui nous saluent avec de gros nuages de poussière.
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Culture de tabac |
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Séchage du tabac |
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Fabrique de charbon |
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Ces enfants ont couru pendant plus de 2km à nos côtés |
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Je bouche mon nez, je ferme ma bouche et je ne regarde pas! |
Notre deuxième jour sur la piste est vraiment chouette. Pour ceux qui ne
sont pas trop pressés, en voici un petit résumé :
Nous déjeunons à 6h d'un pain-brioche
avec du lait concentré. En rangeant la tente, un scooter passe à côté de nous,
ce sont les mêmes coupeurs de bambou que la veille. Ce matin, nous roulons dans
le brouillard, et la rosée fixe le sable au sol, ce qui rend notre trajet plus
agréable que la veille. Nous traversons plusieurs villages, dans lesquels des
ouvriers des routes nous lancent de joyeux "Hello". Nous traversons
une zone en travaux où un bulldozer est
occupé à retourner la route. Un ouvrier voit que nous avons des difficultés
pour ce passage et nous aide à pousser nos vélos. Plus loin, nous sommes
arrêtés par un autre ouvrier, qui nous explique que nous faisons fausse route.
La route vers Muang Khua était sur la gauche 1km plus haut. Nous avons
naturellement suivi la piste qui nous paraissait la plus importante, mais qui
mène au chantier bien sûr (future autoroute vers la Chine?). Après ce petit
détour, la piste est plus étroite et plus sympa, nous ne croisons plus que des
scooters et quelques mini-camions aux phares ronds. Dans le village suivant, Étienne
effraye deux petites filles, et le gentil "Sabaidee!" qu'il leur
adresse ne fait qu'empirer la situation... voilà la plus grande qui soulève la
plus petite et qui court vers sa maison en criant et en pleurant. "Je fais
si peur que ça?". La piste commence à grimper, nous roulons dans de belles
collines dont on coupe tout le bois. On ne comprend pas très bien pourquoi, car
beaucoup de troncs sont laissés au sol et rien ne donne l'impression que de
nouvelles cultures vont y être plantées... Nous faisons une pause près d'une
rivière pour remplir l'eau de nos gourdes et nous entamons une grosse côte. Alors
que nous ne sommes qu'au début de la montée, Étienne se met à crier de frayeur
: un serpent brun vient de se glisser entre ses deux roues! Heureusement, il
n'a pas roulé dessus, et le serpent est déjà loin. La côte est longue et nous
souffrons... Il commence à faire très chaud et nous ne savons pas trop où nous
arrêter pour la pause déjeuner. En haut du col, nous apercevons un village à
quelques kilomètres. Nous rassemblons nos dernières forces et nous l'atteignons
sans trop de difficultés. Dans le village, nous sommes une vraie attraction, un
tas d'enfants nous dévisagent pendant que nous commandons des nouilles dans la
petite échoppe. L'épicier est très sympa et parle un petit peu anglais, il nous
cuisine des nouilles déshydratées avec le délicieux bouillon de buffle qu'il a
sur le feu. Nous achetons aussi des œufs durs, nous sommes affamés. Notre
petit album photo fait sensation, même si nos explications en anglais ne
doivent pas être comprises par grand monde. Pour la sieste, l'épicier nous invite
à dormir dans sa maison, en s'excusant de la pauvreté de son intérieur... Nous
sommes à la fois heureux, gênés et émus. La porte de la maison reste ouverte et
de nombreux enfants passent devant en nous lançant des regards curieux. Nous
repartons à 15h30, le soleil est déjà moins chaud. La petite piste suit la
crête et la vue est sympa. Après un tournant, Étienne aperçoit deux
adolescentes qui, dès qu'elles l'aperçoivent, se jettent dans les bambous pour
se cacher... décidément, Étienne est un vrai tombeur aujourd'hui! Nous
redescendons vers un village, où sans succès nous essayons d'acheter du riz.
Nous sommes accompagnés jusqu'à sa sortie par un peloton d'enfants. Après nous
avoir vu trébucher dans la rivière, ils nous donnent un sacré coup de main pour
monter la première côte : par groupes de trois ou quatre, ils nous aident à
pousser nos vélos! Pour les remercier de leur aide, nous partageons un paquet
de biscuits avec eux. Nous ne roulons plus que 10min et décidons de monter la
tente au bord de la piste. Alors que nous sommes en train d'éplucher nos
concombres, quatre dames qui
redescendent au village nous proposent (en langages des gestes) de dormir chez
elles. Nous les remercions, mais nous n'avons pas le courage de tout redéplier
et de redescendre la montagne pour la remonter le lendemain... après notre
repas habituel accompagné d'un œuf dur, Étienne écrit vite dans le carnet de
route tout ce qui nous est arrivé au cours de cette belle journée! Marion ronfle
déjà...

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Hé hé, lui aussi il pousse... |
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Notre pause déjeuner n'est pas loin.... encore un effort! |
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Le comité d'accueil du village |
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Plutôt sympa comme vue... |
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Une fois plus léger c'est reparti!!! |
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Remarquez les petits monstres qui viennent nous dire bonjour, à gauche de l'image! |
Le lendemain, en
milieu d'après-midi, nous arrivons à Muang Khua. C'est
une petite ville avec un pont en fer tout à fait génial : il grince de partout,
il tangue, il craque, et on voit le vide à travers les planches en bois de son
plancher! La fin de la piste pour nous, c'est un peu comme un retour à la
civilisation, nous retrouvons le macadam, une nourriture plus variée et le confort
d'une chambre d'hôtel. Après 3 jours dans la poussière, on apprécie le
contraste!
Nous montons à bord d'un petit bateau qui navigue
sur la Nam Ou, et qui nous emmène au village de Muang Ngoi.
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Sur le bateau nous rencontrons Majd et Lauryanne,
avec qui nous passerons de chouettes moments à Muang Ngoi |
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Par moment, ça remue un peu sur la Nam Ou |
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Quelques rencontres sur l'eau |
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Bon, il pèse combien ton poisson en laisse? |
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Muang Ngoi |
Le village de Muang Ngoi est un petit havre de paix. Nous décidons d'y rester quelques jours. Quelques jours de
repos, de balades, de visites de villages, et de kayak sur la Nam Ou.
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En balade, on a trouvé des pamplemoussiers |
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Balade en kayak |
Nous repartons ensuite en bateau en
direction du sud, pour rejoindre à Nong Khiaw la route du Vietnam que nous
avions quittée en empruntant la piste. Près de Nong Khiaw, il y a une grande grotte ayant servi de cachette aux habitants pendant la guerre :
C'est parti pour une grosse semaine de vélo
dans les montagnes! Nous savons à quoi nous attendre : au moins un col par
jour, de parfois 15 km de long, et des dénivelés positifs d'en moyenne 2000
mètres par jour.
De temps en temps nous passons dans des
villages ou des petites villes. Un jour, nous sommes patiemment occupés à
grimper sur un col de 16km de long, lorsque nous dépassons un groupe d'enfants
de retour de l'école. Ils veulent nous accompagner et accélèrent le pas. Un peu
plus loin, nous croisons plusieurs autres groupes, et à chaque fois les enfants
se font un devoir de nous suivre! Certains sont à pied et prennent des
raccourcis à travers les broussailles, tandis que d'autres poussent
courageusement sur les pédales de leurs vélos sans vitesses...! Ce n'est
qu'après huit bons kilomètres de montée que nous arrivons à leur village. Dire qu'ils
font ça tous les jours...
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Ils nous suivent depuis le début du col |
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Un abri sympa pour la nuit |
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Nous sommes souvent invités à manger et nous reposer
par la personne qui nous vend des nouilles |
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Camping dans les rizières sèches (un terrain idéal!) |
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On aperçoit des métiers à tisser devant toutes les maisons |
Nous campons tous les soirs, sauf à Sam
Neua où nous retrouvons un peu de confort dans une guesthouse. Le marché de
cette petite ville nous aura marqués : sur les étals, on voit des rats
séchés, des crapauds dans un grand vivarium, des fouines, des écureuils géants
et même des chiens! Tout ce petit monde au milieu des papayes, des tomates et
des bouquets de menthe.
La veille de notre arrivée au Vietnam, nous
visitons une dernière grotte laotienne. En barque, dans le silence et dans le
noir. Un beau moment. Nous sommes heureux de quitter le Laos par la visite
d'une de ses innombrables beautés naturelles.
Nos derniers contacts avec les Laotiens sont très chaleureux. À Sam
Neua, nous dépensons le reste de notre argent au marché en achetant des petits
paniers en paille... sans réaliser que nous sommes le week-end et qu'il nous
sera impossible de retirer de l'argent! Qu'à cela ne tienne, nous avons encore
quelques paquets de nouilles déshydratées et de biscuits dans nos sacs, nous
décidons de vivre sur nos réserves jusqu'au Vietnam.
N'ayant pas de quoi cuire nos nouilles (le gaz est toujours introuvable
ici), nous sommes forcés de demander de l'aide aux Laotiens. Et nous nous voyons
offrir du thé, du riz, du lao-lao (l'alcool de riz local)... et bien sûr
quantité de sourires.
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Ce monsieur nous offre du lao-lao (d'où le titre de cet article!),
et nous lui montrons nos photos |
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Notre casserole est sur le feu et dans la tige de bambou, du thé bouillonne |
Encore quelques kilomètres sur cette petite route qui serpente au milieu
des pics karstiques dans des rizières sèches, et nous arrivons à la frontière
du Vietnam, coincée entre deux montagnes. Un changement de pays qui, une fois
de plus, s'accompagne d'un changement de paysage : les rizières sèches font
place aux rizières vertes!
Nous aurons passé en tout presque deux mois au Laos. Notre traversée était parsemée de chouettes rencontres et de beaux sites naturels. Maintenant nous avons hâte de découvrir le Vietnam... et les Vietnamiens!
PS : Nous avons ajouté des vidéos dans notre article précédent, sur la Thaïlande du Nord!
PS2 : Le 19 mars, cela fait déjà six mois que nous sommes sur les routes!
2 commentaires:
L'abri en bambou dans lequel vous avez mis votre tente, c'était pour vous protéger des tigres ?
Je vois qu'il y a plein de charmants petits coins au Laos ! Ça me donne vraiment envie d’en découvrir un peu plus, surtout quand on voit la photo de la cascade. Elle est tout simplement magnifique.
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