Carte du parcours

vendredi 10 avril 2015

Laos partie 3 : Là-haut-Laos




Après notre boucle en Thaïlande, nous rejoignons la ville de Luang Prabang en bateau (vous vous souvenez de Luang Prabang? Nous y étions passés en coup de vent, avant la Thaïlande, pour faire étendre nos visas laotiens).
Deux jours de bateau sur le Mékong... l'idée était séduisante. Mais ces deux jours s'avèrent être un  véritable calvaire : nous sommes parqués dans un bateau avec une bonne centaine d'autres touristes. Pas moyen de se lever, il faut rester gentiment assis pendant 7h de suite... nous nous sentons prisonniers, et nous avons même du mal à apprécier les paysages qui nous entourent.

Deux jours dans ce bateau, c'est un peu long...
Le bateau sert aussi de camion de déménagement : une télé, des meubles...

À Luang Prabang  nous retrouvons Brigitte et Jean-Marie (une 4ème fois!). Pour eux c'est la fin du voyage, nous partageons une dernière et belle soirée avec eux . Ils nous donnent plein de bons conseils sur Luang Prabang, alors nous décidons de prendre notre temps et nous y restons une semaine complète.
Entre les temples, les mares,  les maisons traditionnelles et coloniales, nous adorons parcourir les rues et les ruelles de cette petite ville. L'atmosphère y est calme et parfumée.

Un des beaux hôtels de Luang Prabang
Une maison traditionnelle précoloniale reconvertie par l'Unesco 
en maison du patrimoine
La carte des éléments classés par l'Unesco (temples, mares et habitations)
Une mare de Luang Prabang


Nous sortons de temps en temps de la ville pour découvrir ses alentours. Entre autres, quelques villages d'artisans, la belle cascade de Kuangsi, un temple sur l'autre rive du Mékong qui offre un beau point de vue sur la ville en fin de journée...

Le boulodrome d'un village en périphérie de Luang Prabang
Balayeur de cascade, un métier à risque...
La plus belle cascade depuis le début de notre voyage
Nous prenons le temps de mettre à jour le blog et de prendre soin de nos montures... Malheureusement, il n'y a pas de nouveau pneu pour Marion. Nous collons des bouts de chambre à air pour le renforcer, en espérant que ça tienne jusqu'au Vietnam!
Et bien sûr, vous connaissez nos appétits gourmands : nous profitons avec joie de la diversité de nourriture que l'on trouve ici.... petits déjeuners de beignets dans un café de rue peuplé de locaux, buffets pour touristes, délicieux sandwichs,  et,  pour notre dernière soirée à Luang Prabang, un restaurant gastronomique, dans lequel nous goûtons des plats typiques de la région.

Cette dame travaille environ 16h par jour... et 7 jours sur 7
Le grand marché de nuit
Dernière soirée à Luang Prabang. Dans un vrai restau!
L'heure du départ est venue, nous reprenons la route direction le Vietnam, avec un petit crochet par Muang Ngoi pour y admirer ses falaises.

 Le nord du Laos est montagneux et nous savons que les journées de vélos à venir ne seront pas faciles. Nous quittons définitivement le Mékong pour suivre un de ses affluents appelé la Nam Ou. Le long de cette rivière, nous croisons plusieurs barrages hydroélectriques en construction. Tous construits par China Power...
Sur le bord de la route des "crêpes d'algues" sèchent 
(elles sont dans notre assiette sur la photo précédente)
Nam Ou 1 Hydropower Project
Nous croisons les camions de livraison!
Avant de quitter le pays, nous voulons emprunter une dernière piste laotienne : à Nam Bak nous bifurquons pour nous enfoncer dans la terre brune et les paysages sauvages.
Sur ses vingt premiers kilomètres,  la piste est large et bien entretenue. Nous croisons de nombreux camions chinois qui nous saluent avec de gros nuages de poussière.

Culture de tabac
Séchage du tabac
Fabrique de charbon
Ces enfants ont couru pendant plus de 2km à nos côtés
Je bouche mon nez, je ferme ma bouche et je ne regarde pas!

Notre deuxième jour sur la piste est vraiment chouette. Pour ceux qui ne sont pas trop pressés, en voici un petit résumé :

Nous déjeunons à 6h d'un pain-brioche avec du lait concentré. En rangeant la tente, un scooter passe à côté de nous, ce sont les mêmes coupeurs de bambou que la veille. Ce matin, nous roulons dans le brouillard, et la rosée fixe le sable au sol, ce qui rend notre trajet plus agréable que la veille. Nous traversons plusieurs villages, dans lesquels des ouvriers des routes nous lancent de joyeux "Hello". Nous traversons une zone en travaux  où un bulldozer est occupé à retourner la route. Un ouvrier voit que nous avons des difficultés pour ce passage et nous aide à pousser nos vélos. Plus loin, nous sommes arrêtés par un autre ouvrier, qui nous explique que nous faisons fausse route. La route vers Muang Khua était sur la gauche 1km plus haut. Nous avons naturellement suivi la piste qui nous paraissait la plus importante, mais qui mène au chantier bien sûr (future autoroute vers la Chine?). Après ce petit détour, la piste est plus étroite et plus sympa, nous ne croisons plus que des scooters et quelques mini-camions aux phares ronds. Dans le village suivant, Étienne effraye deux petites filles, et le gentil "Sabaidee!" qu'il leur adresse ne fait qu'empirer la situation... voilà la plus grande qui soulève la plus petite et qui court vers sa maison en criant et en pleurant. "Je fais si peur que ça?". La piste commence à grimper, nous roulons dans de belles collines dont on coupe tout le bois. On ne comprend pas très bien pourquoi, car beaucoup de troncs sont laissés au sol et rien ne donne l'impression que de nouvelles cultures vont y être plantées... Nous faisons une pause près d'une rivière pour remplir l'eau de nos gourdes et nous entamons une grosse côte. Alors que nous ne sommes qu'au début de la montée, Étienne se met à crier de frayeur : un serpent brun vient de se glisser entre ses deux roues! Heureusement, il n'a pas roulé dessus, et le serpent est déjà loin. La côte est longue et nous souffrons... Il commence à faire très chaud et nous ne savons pas trop où nous arrêter pour la pause déjeuner. En haut du col, nous apercevons un village à quelques kilomètres. Nous rassemblons nos dernières forces et nous l'atteignons sans trop de difficultés. Dans le village, nous sommes une vraie attraction, un tas d'enfants nous dévisagent pendant que nous commandons des nouilles dans la petite échoppe. L'épicier est très sympa et parle un petit peu anglais, il nous cuisine des nouilles déshydratées avec le délicieux bouillon de buffle qu'il a sur le feu. Nous achetons aussi des œufs durs, nous sommes affamés. Notre petit album photo fait sensation, même si nos explications en anglais ne doivent pas être comprises par grand monde. Pour la sieste, l'épicier nous invite à dormir dans sa maison, en s'excusant de la pauvreté de son intérieur... Nous sommes à la fois heureux, gênés et émus. La porte de la maison reste ouverte et de nombreux enfants passent devant en nous lançant des regards curieux. Nous repartons à 15h30, le soleil est déjà moins chaud. La petite piste suit la crête et la vue est sympa. Après un tournant, Étienne aperçoit deux adolescentes qui, dès qu'elles l'aperçoivent, se jettent dans les bambous pour se cacher... décidément, Étienne est un vrai tombeur aujourd'hui! Nous redescendons vers un village, où sans succès nous essayons d'acheter du riz. Nous sommes accompagnés jusqu'à sa sortie par un peloton d'enfants. Après nous avoir vu trébucher dans la rivière, ils nous donnent un sacré coup de main pour monter la première côte : par groupes de trois ou quatre, ils nous aident à pousser nos vélos! Pour les remercier de leur aide, nous partageons un paquet de biscuits avec eux. Nous ne roulons plus que 10min et décidons de monter la tente au bord de la piste. Alors que nous sommes en train d'éplucher nos concombres,  quatre dames qui redescendent au village nous proposent (en langages des gestes) de dormir chez elles. Nous les remercions, mais nous n'avons pas le courage de tout redéplier et de redescendre la montagne pour la remonter le lendemain... après notre repas habituel accompagné d'un œuf dur, Étienne écrit vite dans le carnet de route tout ce qui nous est arrivé au cours de cette belle journée! Marion ronfle déjà...

Hé hé, lui aussi il pousse...
Notre pause déjeuner n'est pas loin.... encore un effort!
Le comité d'accueil du village
Plutôt sympa comme vue...
Une fois plus léger c'est reparti!!!
Remarquez les petits monstres qui viennent nous dire bonjour, à gauche de l'image!

Le lendemain, en milieu d'après-midi, nous arrivons à Muang Khua. C'est une petite ville avec un pont en fer tout à fait génial : il grince de partout, il tangue, il craque, et on voit le vide à travers les planches en bois de son plancher! La fin de la piste pour nous, c'est un peu comme un retour à la civilisation, nous retrouvons le macadam, une nourriture plus variée et le confort d'une chambre d'hôtel. Après 3 jours dans la poussière, on apprécie le contraste!


Nous montons à bord d'un petit bateau qui navigue sur la Nam Ou, et qui nous emmène au village de Muang Ngoi.

Sur le bateau nous rencontrons Majd et Lauryanne, 
avec qui nous passerons de chouettes moments à Muang Ngoi
Par moment, ça remue un peu sur la Nam Ou
Quelques rencontres sur l'eau
Bon, il pèse combien ton poisson en laisse?
Muang Ngoi
Le village de Muang Ngoi est un petit havre de paix. Nous décidons d'y rester quelques jours. Quelques jours de repos, de balades, de visites de villages, et de kayak sur la Nam Ou.

En balade, on a trouvé des pamplemoussiers
Balade en kayak


Nous repartons ensuite en bateau en direction du sud, pour rejoindre à Nong Khiaw la route du Vietnam que nous avions quittée en empruntant la piste. Près de Nong Khiaw, il y a une grande grotte ayant servi de cachette aux habitants pendant la guerre :


C'est parti pour une grosse semaine de vélo dans les montagnes! Nous savons à quoi nous attendre : au moins un col par jour, de parfois 15 km de long, et des dénivelés positifs d'en moyenne 2000 mètres par jour.
Que dire sur ces quelques jours? Ma foi... pas grand'chose! Nous avançons lentement au milieu de ces montagnes boisées et nuageuses. Les paysages ne changent pas beaucoup, et les points de vue ne sont pas magnifiques. Ce sont des journées essentiellement...sportives!

Un de nos plus beaux spots de camping
Pour éviter de se brûler les fesses après une journée au soleil, pas bête!
Le black sticky rice
L'entrée du parc national en impose pas mal
On en a pas vu... dommage...?!

De temps en temps nous passons dans des villages ou des petites villes. Un jour, nous sommes patiemment occupés à grimper sur un col de 16km de long, lorsque nous dépassons un groupe d'enfants de retour de l'école. Ils veulent nous accompagner et accélèrent le pas. Un peu plus loin, nous croisons plusieurs autres groupes, et à chaque fois les enfants se font un devoir de nous suivre! Certains sont à pied et prennent des raccourcis à travers les broussailles, tandis que d'autres poussent courageusement sur les pédales de leurs vélos sans vitesses...! Ce n'est qu'après huit bons kilomètres de montée que nous arrivons à leur village. Dire qu'ils font ça tous les jours...
Ils nous suivent depuis le début du col
Un abri sympa pour la nuit
Nous sommes souvent invités à manger et nous reposer 
par la personne qui nous vend des nouilles
Camping dans les rizières sèches (un terrain idéal!)
On aperçoit des métiers à tisser devant toutes les maisons

Nous campons tous les soirs, sauf à Sam Neua où nous retrouvons un peu de confort dans une guesthouse. Le marché de cette petite ville nous aura marqués : sur les étals, on voit des rats séchés, des crapauds dans un grand vivarium, des fouines, des écureuils géants et même des chiens! Tout ce petit monde au milieu des papayes, des tomates et des bouquets de menthe.

La veille de notre arrivée au Vietnam, nous visitons une dernière grotte laotienne. En barque, dans le silence et dans le noir. Un beau moment. Nous sommes heureux de quitter le Laos par la visite d'une de ses innombrables beautés naturelles.

Nos derniers contacts avec les Laotiens sont très chaleureux. À Sam Neua, nous dépensons le reste de notre argent au marché en achetant des petits paniers en paille... sans réaliser que nous sommes le week-end et qu'il nous sera impossible de retirer de l'argent! Qu'à cela ne tienne, nous avons encore quelques paquets de nouilles déshydratées et de biscuits dans nos sacs, nous décidons de vivre sur nos réserves jusqu'au Vietnam.
N'ayant pas de quoi cuire nos nouilles (le gaz est toujours introuvable ici), nous sommes forcés de demander de l'aide aux Laotiens. Et nous nous voyons offrir du thé, du riz, du lao-lao (l'alcool de riz local)... et bien sûr quantité de sourires.
Ce monsieur nous offre du lao-lao (d'où le titre de cet article!), 
et nous lui montrons nos photos
Notre casserole est sur le feu et dans la tige de bambou, du thé bouillonne
Encore quelques kilomètres sur cette petite route qui serpente au milieu des pics karstiques dans des rizières sèches, et nous arrivons à la frontière du Vietnam, coincée entre deux montagnes. Un changement de pays qui, une fois de plus, s'accompagne d'un changement de paysage : les rizières sèches font place aux rizières vertes!


Nous aurons passé en tout presque deux mois au Laos. Notre traversée était parsemée de chouettes rencontres et de beaux sites naturels. Maintenant nous avons hâte de découvrir le Vietnam... et les Vietnamiens!

PS : Nous avons ajouté des vidéos dans notre article précédent, sur la Thaïlande du Nord!
PS2 : Le 19 mars, cela fait déjà six mois que nous sommes sur les routes!


2 commentaires:

Unknown a dit…

L'abri en bambou dans lequel vous avez mis votre tente, c'était pour vous protéger des tigres ?

Judith a dit…

Je vois qu'il y a plein de charmants petits coins au Laos ! Ça me donne vraiment envie d’en découvrir un peu plus, surtout quand on voit la photo de la cascade. Elle est tout simplement magnifique.