Chine partie 1 : le sud du Yunnan

Bonjour à tous!

Après deux mois en Chine, où nous étions limités par la censure, nous retrouvons l'accès au blog! On va enfin pouvoir vous raconter tout ça... Alors installez-vous confortablement, préparez-vous un grand thermos d'eau chaude, et laissez-vous transporter par-delà les montagnes de l'Empire du Milieu!

Pour vous donner une idée globale de notre parcours en Chine : depuis le Vietnam, on a d'abord traversé la province du Yunnan du sud au nord. Puis nous sommes entrés au Sichuan, que nous avons aussi traversé du sud au nord. Lorsque nous sommes arrivés dans la province du Qinghai, nous avons pris des transports pour rejoindre Kashgar, une ville à l'extrême ouest du pays (car nous n'avions que 2 mois de visa, et la Chine, c'est grand!). Et, de Kashgar, nous avons quitté la Chine pour le Kirghizstan.
On vous a concocté cinq articles tout frais et bien juteux. Voici le premier, et les quatre autres suivront dans les jours qui viennent. On s'occupe aussi de mettre la carte à jour.

Du 11 avril au 28 mai 2015

Ce 11 avril au petit matin, nous entrons en Chine...

Yoann et Fred (nos amis cyclos) sont là pour passer la frontière avec nous. Puis, comme nous allons tous dans la même direction, nous roulons ensemble pendant une bonne semaine. De la frontière vietnamienne nous mettons le cap plein nord pour rejoindre la capitale du Yunnan, Kunming.

La frontière côté vietnamien...

... et côté chinois!

Nous ne sommes pas les seuls : d'autres vélos passent de Chine au Vietnam

La route que nous empruntons les premiers jours serpente entre les jambes de béton d'une autoroute. Nous nous arrêtons dans nos premiers villages chinois. On ne peut pas dire qu'ils soient très charmants. Et pourtant, nous sommes ravis. D'abord, parce que nous découvrons un nouveau pays, c'est toujours excitant. Mais aussi parce que nos premiers contacts avec les Chinois sont adorables. Ils sont attentifs et prévenants, soucieux de nous aider et de nous contenter en toute occasion... 

Premier aperçu des routes chinoises souvent en travaux

Cool, j'ai pied!

Notre convoi!

Heuuuu....???

Une salle de bain d'hôtel chinois sans siphon : 
l'intérêt, c'est l'odeur... dommage pour vous!

Premier repas chinois

Premier égout, euh non... rivière chinoise

Boucherie chevaline à ciel ouvert

Fred et Yoann ont vécu quatre ans en Chine, et nous apprennent quelques rudiments de langue chinoise (l'essentiel pour se débrouiller... en gros : "merci" et "bonjour", "ça", les chiffres, "combien", "trop cher", et "piquant/pas piquant"!)

Une des nombreuses séances photo... on n'imagine pas combien 
de photos de nous se trouvent sur Baidu! (le Facebook chinois)

Sur la route de Kunming, nous faisons un petit détour pour aller voir les rizières en terrasses de Yuanyang. 30km de montée pour y arriver... mais ça en valait la peine!

Pause dans la montée

Une belle récompense...!

Toutes ces rizières sont encore entretenues à la main... 
quel boulot incroyable. Mais peu d'entre elles sont réellement cultivées :
 elles sont surtout maintenues pour le tourisme.

On vous laisse les compter!

Photo de famille

Comme c'est courant en Asie, les habitants se rassemblent le soir pour faire du taï-chi. Généralement, ça se passe dans la rue, ou sur des parkings. Ici, il y a une grande place publique. On voit aussi beaucoup de gens qui font simplement le tour de la place en marchant, ce qui forme une grande ronde.

La grande ronde du village

Nous, on est trop fatigués pour participer

Les femmes portent de beaux costumes traditionnels, un peu comme au Vietnam

Une bâilleuse au marché

C'est aussi dans ces montagnes que nous croisons beaucoup de véhicules à trois roues. On vous en offre une petite compilation. Ce qui est marrant, c'est que certains modèles ressemblent étrangement à des voitures de chez nous...!

Le modèle en bas à gauche, je l'ai déjà vu quelque part...

Nous repartons vers le nord. Après 30km de descente, il faut grimper pendant 40km...

40km de montée, ça nous donne le temps de méditer, de rêvasser, de prendre conscience de notre effort, de la beauté des paysages qui nous entourent, et de notre immense chance d'être là. C'est aussi dans cette longue montée qu'Étienne crève un de ses pneus, pour la première fois du voyage (après 7600km, on ne peut pas se plaindre).

Montée avec vue sur les terrasses

Arrivée sur le plateau

La ville de Janshui est si jolie que nous décidons d'y rester une journée.

Nous découvrons pour la première fois l'architecture traditionnelle chinoise, avec ses toits en tuiles canal, ses volets en bois sculpté, ses peintures décoratives...

Les traductions en anglais sont très poétiques...!

Les volets en bois sculpté

Canards laqués multicolores

Certaines maisons sont reconstruites à l'ancienne, 
mais celle-ci semble encore d'origine

Un atelier de moulage de tofu (ici, on mange beaucoup de tofu grillé 
en accompagnement de la soupe)

En dehors des centres-ville anciens, le style est quelque peu différent... on trouve énormément de façades recouvertes de carrelage, et il y en a pour tous les goûts!

Splendide!

Les maisons traditionnelles s'organisent autour d'une cour intérieure 
accessible par un portail. Comme vous pouvez le voir chacun son style...

Depuis notre entrée en Chine, la gastronomie chinoise nous comble de joie.

Pour résumer, voici les plats que nous mangeons le plus souvent ici, dans le Yunnan :

- Les "Bao Tseu" : des petits pains blancs cuits à la vapeur, tout chauds, et fourrés. Avec quoi? Là est tout l'intérêt du Bao Tseu : il faut deviner! Il y en a à la pâte de haricots, ou au sucre et noisettes (parfaits pour le matin). Il y en a aussi à la viande, aux champignons, et parfois, si on n'a pas de chance, c'est très pimenté!

Une fabrique de "bao tseu"

- Les soupes de nouilles. Oui, encore des soupes de nouilles... mais ici, elles sont différentes. On ne trouve pas seulement des nouilles de riz, mais aussi des nouilles de blé,  toutes fraîches. Excellentes.

- Les repas de riz "Mifang" : on choisit des ingrédients dans un grand frigo, et on les montre à la cuisinière. Cette dernière approuve votre choix, ou au contraire vous fait signe que la combinaison est mauvaise. Par exemple, aubergine et choux chinois, ça ne va pas ensemble. Mais tomates et tofu, ça va ensemble!

On vous sert un seau en bois rempli de riz blanc, et les plats cuisinés à base des ingrédients  choisis dans le frigo. Ils sont savamment assaisonnés, accompagnés de petits oignons, de piments, chaque aliment est réellement sublimé!

Le frigo où on montre les aliments

Bon choix!

Nous quittons Janshui, en route pour Kunming qui se trouve à 3 jours de vélo.

Ces trois jours ne sont pas très chouettes pour Marion qui est malade, qui mange des médicaments et qui roule tout doucement... Mais les paysages sont beaux. Nous traversons une région très agricole, assez plate. Beaucoup de haricots, de blé, de patates et de choux chinois. Les parcelles sont souvent petites et cultivées à la force du poignet. Du matin jusqu'au soir, les champs sont remplis de paysans coiffés de chapeaux de paille, occupés à retourner la terre avec leur bêche. Le blé est fauché à la main, puis étalé sur la route : les voitures, en roulant dessus, séparent les grains des épis. Il ne reste plus qu'à trier, et balayer!

Cultures maraîchères

Le blé est récolté...

... étalé sur la chaussée...

... les grains sont ensuite séparé de la paille à l'aide d'un ventilateur

Au sud de Kunming, nous dormons au bord d'un grand lac, le lac Fuxian.

Rencontre de cyclistes chinois, et inévitable séance photo

Entrer dans Kunming, c'est arriver dans une ville chinoise de plus de 6,5 millions d'habitants. C'est traverser des quartiers de tours immenses  et d'autoroutes en construction. C'est rouler sur de larges avenues totalement désertes, pendant des dizaines de kilomètres, et longer des chantiers tous plus grands les uns que les autres!

Ce ne sont plus des légumes qui poussent dans les champs, mais des immeubles!

Les éco-lampadaires et les belles pistes cyclables à l'entrée de la ville

C'est la galère pour trouver un logement pas cher à Kunming : les hôtels abordables sont réservés aux Chinois. Nous finissons par atterrir dans une auberge de jeunesse internationale, où nous restons deux jours. Pendant que Marion guérit du fond de son lit, Étienne s'occupe de trouver un pneu de rechange et autres brols utiles.

En quittant Kunming, nous quittons Fred et Yoann... et cette fois, c'est définitif...! Nos routes se séparent pour de bon cette fois : ils partent en train vers Chengdu, puis rejoignent le Japon, alors que nous continuons la route vers Dali. Nous nous reverrons en Europe!

Derniers moments avec Yoann et Fred

La sortie de Kunming est vraiment charmante

Cinq bons jours sont nécessaires pour atteindre Dali, située au nord-ouest de Kunming.

Pendant ces cinq jours, nous retrouvons les joies du camping sauvage. Par contre, à part quelques beaux points de vue, la route n'est pas fabuleuse. Nous roulons sur de petites routes qui longent une autoroute peu fréquentée.  Ce qui est étonnant, c'est qu'une deuxième autoroute est en cours de construction, et nous zigzaguons parfois entre ses piliers de béton, plantés au milieu des champs. Le contraste est saisissant entre ces immenses infrastructures modernes, et l'agriculteur qui porte sa botte de paille sur le dos...

8000...

Des cyclos chinois (de plus de 60 ans!) en pèlerinage pour Lhassa

Belle perspective sur les usines

Autoroute en construction

Voilà Dali, séparée entre"new town", ville chinoise moderne et "old town", ville-musée toute en bois et en boutiques touristiques.

Sur les derniers dix kilomètres, nous longeons le grand lac Erhai au bord duquel s'est installée la vieille ville. Nous trouvons un hôtel sympa et pas trop cher (ici en Chine, les hôtels sont souvent beaucoup moins chers que les auberges de jeunesse), et nous nous reposons dans cette ville le temps d'une journée.

La vieille ville de Dali est jolie, mais beaucoup trop envahie de touristes (chinois, ici on ne croise plus beaucoup de blancs).  Il faut dire que nous sommes dans la semaine du 1^er mai, qui est fériée pour les Chinois. Les maisons de la vieille ville sont des petites constructions en bois traditionnelles... mais pas toutes : si on regarde attentivement, on se rend compte qu'il y a beaucoup de "faux vieux", avec par exemple des structures en béton peintes de couleur bois...! Heureusement, on peut facilement sortir de ce quartier quelque peu artificiel, en se rendant au marché par exemple. Là on trouve des papeteries chinoises qui vendent de beaux pinceaux, des boulangeries qui vendent d'excellentes brioches à la pâte de haricots, des petits restaus de rue, des fruits et légumes bizarres, et toutes sortes d'animaux vivants... qui ne le restent pas longtemps.

Vendeuse de nouilles

Tofu fermenté

Dans un coin du marché, nous restons un moment à observer les hommes qui tuent les poules :

Un client vient d'acheter une poule vivante dans le stand d'à côté. Il l'amène ici. La poule est saignée, jetée dans un tonneau, puis transvasée dans un tonneau d'eau bouillante. On tourne dans le tonneau avec une grande cuillère en bois. Puis on attrape la poule (définitivement morte à ce moment-là), on la déplume, et on la vide à une vitesse impressionnante. Et hop, la poule est de retour dans le sac plastique du client. En tout, il n'aura pas fallu plus de 3-4min pour la préparer.

Le coin-abattoir

Après, on mange végétarien

Nous, nous n'achetons pas de poule, nous préférons les biscuits, les brioches et les pommes! Nous faisons le plein de provisions avant de reprendre la route, le lendemain, en direction de Lijiang. Nous nous rapprochons petit à petit des montagnes de l'Himalaya et du Tibet...

Les trois pagodes de Dali

Les incroyables biscuiteries du Yunnan

Et pour finir, voici un petit film, comme d'hab'! On y voit notamment notre arrivée dans la ville de Nansha, le jour de la fête de l'eau...