Chine partie 3 : le sud du Sichuan, sur les hauts cols du plateau tibétain
Du 8 mai au 19 mai 2015
Nous entrons en région tibétaine, et il nous semble changer de pays...
Notre première étape est la petite ville de Shangri-La, anciennement
appelée Zongdiang. Les Chinois ont changé son nom il y a quelques années pour
attirer les touristes, car Shangri-La est en fait une ville idéale imaginée par
un romancier britannique du début du 20e siècle. Depuis, il est
apparu des Shangri-La un peu partout dans l'Himalaya : en Chine, au Tibet, au
Bhoutan, au Pakistan!
Le centre-ville a été presque entièrement détruit par un incendie en
2014... Nous le voyons donc en pleine reconstruction. Ce qui est chouette et
intéressant, c'est que tout est reconstruit de manière traditionnelle, en bois
et en terre.
On place des mottes de terre au-dessus des murs en terre pour les protéger
Le plus grand moulin à prière du monde
Des cochons dans la rue. On ne les remarque plus!
À Shangri-La nous restons 2 jours pour nous reposer, et on passe de
supers moments avec Rocio, une cyclo-voyageuse espagnole déjà rencontrée à
Kunming et sur la route.
Souper avec Rocio et un groupe de français qui ont fait un voyage à vélo en Amérique du Sud, il y a quelques années.
Et puis, c'est reparti! Nous continuons notre route vers le nord.
Une belle route en travaux sur 50km...
Premier camping en compagnie de yaks
Les tibétains font le tour de la stupa en actionnant chaque petit moulin. Toujours dans le bon sens!
Oooh! troop mignons!!! Ils viennent manger les épluchures de notre choux-fleur
Le début est un peu dur à cause des travaux mais ensuite la route est parfaite.
Un premier col à 4500m : pour la première fois, nous
ressentons clairement les effets de l'altitude. Quand nous nous arrêtons, nous
sommes essoufflés, la tête tourne, le cœur bas deux fois plus vite que la
normale. On ressent également des différences de pression dans nos oreilles.
Mais le plus important, c'est quand même la vue qui est magnifique,
particulièrement de l'autre côté du col où se dressent d'immenses falaises.Le challenge est bien plus grand au deuxième col. Il marque la frontière
entre la province du Yunnan et la province du Sichuan. Et qui dit frontière...
dit toujours route en mauvais état!
Nous mettrons deux jours pour passer cette satanée frontière du Sichuan.
La piste est vraiment très mauvaise. Il y a plein de sable qui cache les
pierres et dans lequel s'enfoncent nos roues. Malgré la poussière et la sueur, le
manque d'oxygène, les moments de découragement, d'énervement, d'épuisement, au
final on se dit quand même "Quelle chance"! Nous sommes tous seuls au
milieu de paysages grandioses.
Un petit moulin à eau et à prières
Début de la piste
Miam! Merci les camions!
Bon, ok, on vous met beaucoup de photos...mais c'est qu'c'était vraiment beau!
Repas classique et pas si mauvais : nouilles aux carottes et au rettich ( le gros radis blanc, là)
Descente de l'autre côté, dans la vallée de Xiancheng
Un petit mot sur l'architecture tibétaine : les maisons sont, pour la plupart, construites en terre avec une structure bois qui soutient les planchers, et des cadres de fenêtres et de portes en bois. Les fenêtres et les corniches sont souvent très jolies, très travaillées et colorées. Les toits sont plats. Les murs sont couverts d'enduit blanc, et ils sont plus épais à la base, ce qui donne aux maisons un petit air trapu!
Les maisons sont entourées de murs en terre qui forment des cours ombragées
Au deuxième étage, une terrasse et une loggia sont souvent aménagées
La frise est toujours la même : des carrés et des ronds blancs sur fond rouge
Même les stations essence et les casernes de pompiers s'y sont mises!
Des fenêtres autour desquelles le crépi est peint en noir en forme de trapèze
Quand les maisons sont abandonnées, elles retournent à la terre, tout doucement...
Sitôt arrivés à Xiangcheng nous goûtons au bonheur d'une bonne douche
bien décrassante.
Le lendemain, après un passage obligé par le marché pour faire des
réserves, nous réenfourchons nos bolides. Direction Litang, dans 4 jours. Et pour
commencer, un col à 4700. Pas de quoi s'ennuyer!
Dongen, "the most happy and beautiful village", d'après le panneau routier!
Une maman yak, les cheveux au vent
On voit enfin le haut du col! Là-bas! à 6km!
La montée nous prend la journée. On grimpe très lentement, car à cette
altitude, impossible de dépasser les 5km/h! Par chance, seul le dernier lacet
n'est pas macadamisé. On arrive au col à 18h30, heureux et épuisés. On fait une
p'tite photo. Et là, on voit que le ciel n'est pas très rassurant : un gros
orage noir arrive droit sur nous. Faut pas trainer là. On enfile vestes, bonnets,
écharpes et gants de ski (Étienne hésite même à quitter son short pour mettre
un pantalon!), et on s'engage dans la descente. Mais c'est de la piste et on n’avance
pas vite. Heureusement, une maison apparaît deux lacets plus bas. C'est le
logement des ouvriers de la piste, chargé de l'entretenir et de la déneiger.
Ils acceptent de nous accueillir pour la nuit.
Notre refuge pour la nuit
Alors que le tonnerre gronde dehors, que la grêle et la neige tombent en
rafale, nous voilà bien au chaud autour du poêle à bois. Nous partageons
quelques bribes de conversation, un bon repas et quelques verres d'alcool de
riz avec ces hommes qui vivent isolés, à 4600m d'altitude, mais qui sont
chaleureux comme tout.
Le lendemain est une journée exceptionnelle. Sûrement une des plus
belles depuis le début de notre voyage...
Ça débute par un petit-déjeuner dans les nuages, suivi par une descente
vers le village de Sangdui, aux nobles et sévères maisons de pierres. Ensuite,
la route remonte gentiment pendant 50km, et traverse des paysages changeants.
On arrive sur un grand plateau désertique, balayé par les vents, couvert de
roches, parsemé petits lacs et de yaks . Et petit à petit, on se rapproche de
montagnes rondes et lisses. On bifurque pour redescendre dans une vallée
étroite où on se fait arroser par un ciel orageux. On remonte de l'autre côté.
Derrière ce col nous attend une magnifique descente de 25km, le long d'un
torrent bordé de sapins.On finit par déboucher dans une immense plaine verte, toute
plate, toute vide, bordée par les montagnes. Pour planter la tente, on a
l'embarras du choix!
Les montagnes au petit matin
Tartines au miel dans les nuages
Etienne, toujours en short, même à 4700!
Un village avec de magnifiques appareillages de pierre
Au milieu d'un désert de cailloux
Une descente parfaite pour la vitesse, 65km/h au compteur!
Un de nos meilleurs spots de camping
Vous voyez la tente?
Nous arrivons à Litang la journée suivante. Sur la route, on fait une
pause devant un monastère tibétain. Un moine nous fait entrer. À l'intérieur,
il fait froid, il fait sombre, il y a du tissu coloré partout, et mille
portraits du dalaï-lama (ici, il n'y a peut-être pas de risque que les Chinois
s'en rendent compte). C'est un beau moment.
A l'intérieur d'un monastère tibétain
Les chinois-paparazzis
Litang est une ville importante pour les Tibétains : c'est la ville
d'origine de plusieurs dalaï-lamas, mais c'est aussi là qu'ont débuté les
premières révoltes des Tibétains contre l'occupant chinois. En 2007, à l'occasion des
manifestations officielles du 80e anniversaire de l’Armée de la
libération populaire chinoise, et de
la traditionnelle course de chevaux de Litang, un nomade tibétain a pris la
parole en public, dans un micro, pour appelerau retour
du dalaï-lama,
à la libération du panchen-lama et à la liberté pour le Tibet. Il est
désormais sous les verrous...
Litang est en
pleins travaux d'assainissement, les rues sont complètement défoncées. On
finit quand même par trouver un logement dans une rue plus ou moins calme.
Après une bonne nuit de sommeil, on sort pour visiter le monastère et le marché
pour faire, de nouveau, le plein de provisions.
Dans le monastère, on peut se balader au
milieu des coussins de prières, des photos du dalaï-lama,des bouddhas, des chapeaux jaunes en forme de
croissant, et des grandes trompettes.
Le dalaï-lama tout sourire
Au marché, on croise beaucoup de moines et de nomades. Ils ont souvent des
allures incroyables. On aime particulièrement leur look
: cheveux longs, visage tanné par le soleil et le vent, manteau de fourrure
fermé par de longues ceintures en corde, bottes rembourrées... Sur leurs motos,
on dirait des Indiens. Leurs femmes portent des cheveux très longs et tressés,
attachés dans le bas du dos. Parfois, elles portent des gros bijoux sur la
tête, ou un grand chapeau haut de forme jaune et rouge, et un enfant dans le
dos.
Beaucoup de femmes tibétaines (non-nomades)
sont vêtues de longues robes sombres, et elles portent au-dessus un tablier
rayé et coloré. Elles nous sourient à pleines dents en disant
"Tachi-délé!" (littéralement,
"bonne chance" en tibétain).
Repas très courant ici : la soupe de raviolis à la viande
Les pains plats bien nourrissants
On retrouve des "long twist cakes"! Comme en Birmanie!
Et pour finir, voilà le plus beau
Sans oublier la petite séquence vidéo de cette partie de notre traversée du Sichuan :
3 commentaires:
Anonyme
a dit…
Super une nouvel article! Et vivent les poubelles qui flottent!
OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII vive les salles de bain chinoises !!!!! Les mecs ont inventés la roue, l'irrigation, les outils agricoles en fer, la bureaucratie, les engins de sièges, la poudre à canon, les universités (ou équivalent), les complexes militaro-industriels,... et pas foutu en 4000 ans d'histoire d'assimiler l'idée du siphon ou de la baignoire...!
Merci pour toutes ces photos et moments magnifiques !
3 commentaires:
Super une nouvel article! Et vivent les poubelles qui flottent!
Quel bonheur de vous retrouver en bonne forme, merci pour le partage, je vous embrasse. Nicole
OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII vive les salles de bain chinoises !!!!!
Les mecs ont inventés la roue, l'irrigation, les outils agricoles en fer, la bureaucratie, les engins de sièges, la poudre à canon, les universités (ou équivalent), les complexes militaro-industriels,... et pas foutu en 4000 ans d'histoire d'assimiler l'idée du siphon ou de la baignoire...!
Merci pour toutes ces photos et moments magnifiques !
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