Carte du parcours

dimanche 25 octobre 2015

Ouzbékistan : Les villes turquoises



Du 16 au 27 septembre 2015

On nous avait prévenus, ça n'a pas loupé : le passage de la frontière ouzbèke est une véritable épreuve! Après quelques premières vérifications de passeports, un policier ouzbek souhaite contrôler le contenu de notre appareil photo.  Il est très intéressé, et nous pose beaucoup de questions en russe ("cette femme est-elle tadjike?",  "Ce garçon noir, qu'est-ce que c'est?", "cette maison, c'est où?"). Une fois les passeports tamponnés, nous passons à la fouille. Nous sommes séparés, et les douaniers nous demandent d'étaler le contenu de nos sacoches. Ils sont à la recherche de drogues, de médicaments contenant de la codéine, ou de porno.  Le chef s'occupe de vérifier les mémoires de nos appareils photo, du disque dur, de l'ordinateur... Nous réalisons alors que le premier policier avait simplement voulu satisfaire sa propre curiosité. Heureusement, on nous avait prévenus que la fouille pouvait être très longue, et nous avions caché la plupart des fichiers informatiques. Et ça marche, le policier n'y voit que du feu, il claque rapidement le capot de l'ordinateur, visiblement mécontent! Nous quittons la frontière après 1h30 de fouille... et il fait déjà nuit. Mais bon, passons, et partons à la recherche de notre premier bivouac ouzbek!

Première nuit en Ouzbékistan : chacun dort dans son sillon

Premier objectif en Ouzbékistan : la ville de Samarcande, une étape clé sur la route de la soie. Il nous faudra cinq jours pour y arriver.
Les premiers paysages ouzbeks sont ceux des champs de coton : il y en a partout. Des buissons aux feuilles sombres, avec, au bout de chaque branche, un petit duvet de coton tout propre. C'est la saison de la récolte, et les champs sont remplis de femmes portant des fichus colorés sur la tête, et un grand drap dans le dos, rempli de "l'or blanc". L'Ouzbékistan est un des principaux producteurs mondiaux de coton, depuis l'Union soviétique.

La récolte du coton
 
Nous sommes toujours en Asie Centrale : les Lada sont toujours là!
Ensuite, les champs de coton font place à de très belles montagnes désertiques. Nous qui pensions que l'Ouzbékistan était plat...


Une nuit, nous campons au milieu de ce beau paysage, non loin de la route. Étienne dort très mal parce qu'il est réveillé par les phares des camions qui passent. À 5h du matin, petit stress : un mec sort de son véhicule... à quelques mètres seulement de nous. Heureusement, il ne fait que passer un coup de fil.
Le lendemain matin, une troupe de vautours rôdent à proximité : il y a une dépouille de renard sur la route. Étienne est fou de joie! Mais il faut avancer : aujourd'hui nous devons absolument rejoindre un hôtel, car voilà déjà 3 jours que nous sommes entrés dans le pays, et il est obligatoire de s'enregistrer dans un hôtel toutes les 3 nuits. Sauf que... le prochain hôtel se trouve à 110km, et nous sommes en montagne!

Une nouvelle découverte culinaire : le kaki! Encore vert, il a le goût de poire
La journée est dure : nous enchaînons les cols et les zones en travaux. À 18h, alors que la lumière commence à baisser, nous sommes encore à plus de 30km de l'hôtel. Quelques tartines de choco nous redonnent du courage... et, finalement, nous arrivons en pleine nuit, crevés. Nous trouvons l'hôtel. Et tombons nez à nez avec la grille des prix : 55$ la chambre! Oh oh... Finalement, à force de discuter, nous réalisons qu'en payant en monnaie locale (le sum), le prix baisse à 25$. En fait, on l'apprendra quelque temps plus tard, en Ouzbékistan le taux de change officiel est beaucoup plus bas que le taux pratiqué dans la rue ou dans les magasins. Il ne faut donc jamais échanger de l'argent dans une banque, ou payer en dollars!

Bon, il arrive ce bus...?


Le lendemain, c'est notre anniversaire de voyage : voilà un an que nous sommes partis de Bruxelles! Ca passe vite, et en même temps, le départ, Singapour, la Malaisie... tout ça nous paraît si loin. Tant de rencontres et d'images nous en séparent. Des souvenirs que nous commençons d'ailleurs parfois à mélanger. Après un an sur les routes, il nous semble aussi que notre façon de voyager a un peu évolué : nous sommes plus confiants et moins en attente. On ne cherche plus à "rentabiliser" notre temps, mais on est davantage à l'écoute de ce qui nous plaît le plus. Peut-être que nous arrivons un peu mieux à profiter du moment présent, à laisser venir les choses et à saisir les occasions imprévues... Nous avons deux rythmes de vie bien distincts : celui de la route, et celui des villes. Ces deux rythmes se succèdent plus ou moins régulièrement. Et d'un certain côté, une routine de voyage s'est installée, avec ses inévitables automatismes. Marion n'aime pas plier l'armature de la tente, Étienne n'aime pas plier les matelas, Marion aime éplucher les légumes, Étienne aime faire les courses, Étienne photographie, Marion rédige, Étienne gère l'argent quotidien, Marion tient les comptes... Bref, un vrai petit train-train, finalement!

1 an!
Ce midi, pour fêter ça, on s'arrête dans un restau de route. Peut-être que vous l'aurez remarqué, mais depuis quelque temps,  on n'est plus trop portés sur la bouffe. C'est qu'en Asie centrale, la gastronomie n'est pas vraiment intéressante. En gros, depuis le Kirghizstan, les restaurants ne proposent que 3-4 sortes de plats : les chachliks (brochettes de viande), les mantés (raviolis au mouton), les samsas (samoussas au mouton), les lagmans (nouilles, souvent en soupe) et le plov (riz très gras avec un peu de légumes et de ...mouton). Et c'est tout. Et 3 fois sur 4, nous sommes malades à la sortie. Vous comprenez donc pourquoi on préfère pic-niquer! Pourtant, ce midi, nous avons de la chance. Les lagmans sont excellents, pas trop gras, et on nous sert même une petite salade qui ne nous rend pas malades. Ouf!

Cette vaisselle bleue, on la voit partout. Sur toutes les tables ouzbèkes!
À Sharizabz, nous découvrons, pour la première fois, la beauté des faïences turquoises.

Je m'approche doucement et... BOUH!
Combien d'heures de travail...
Le complexe Oq Saray, dont il ne reste plus grand'chose...
Quelqu'un a besoin de carrelage bleu pour sa salle de bain? :-)

Encore un col à franchir, quelques dizaines de kilomètres sur une route un peu barbante,  et nous arrivons à Samarcande. L'auberge est sympa, on nous offre du thé et des pastèques... et comme presque à chaque fois, à notre arrivée, notre seule envie est de nous poser, par exemple devant un film. Cette fois-ci, ce sera la "Folie des Grandeurs".

Un dernier col de montagne... avant plusieurs semaines de plat!!!
En Ouzbékistan, c'est très difficile de trouver de l'essence pour notre réchaud, 
car toutes les voitures roulent au gaz
Ces Ladas n'ont pas dis leurs derniers mots, 
leur chargement dépassent souvent sur les quatre côtés!

Notre petit séjour à Samarcande est riche en découvertes. La visite du mausolée de Tamerlan à la tombée de la nuit nous émerveille. Nous visitons aussi le Régistan et ses trois bâtiments, ses minarets, sa medersa (école religieuse).

Le mausolée de Tamerlan


Le Régistan

La nécropole Chah-e-Zindeh
C'est un peu comme une rue, mais chaque maison est un mausolée
 
Sur les pierre tombales sont gravés les visages des morts... c'est plus vivant
Les monuments de Samarcande sont grandioses. À la fois par leurs proportions et par la richesse de leurs détails décoratifs. Une chose, pourtant, nous gêne un peu : il est impossible de distinguer ce qui a été reconstruit de ce qui est d'origine. Difficile donc de s'émouvoir du caractère historique du site, tout est un peu clinquant... Nous finissons quand même par trouver, dans une salle, quelques photos des bâtiments de Samarcande en ruine qui ont été prises par les Russes. Ce sont d'ailleurs eux qui ont entrepris les premières restaurations (on ne sait pas très bien quand... les dates ne sont jamais indiquées!).

Une photo de la place fin du 19ème siècle...un peu plus animé qu'aujourd'hui
Un bâtiment fermé au public car non encore restauré 
(mais déjà consolidé avec du béton)
Si nous avons bien admiré les monuments de Samarcande, la vieille ville nous est restée presque inconnue : le circuit "tourisme" est bien tracé, balisé, encadré de hauts murs. Derrière ces murs sont cachés les vieux quartiers, et seules quelques portes permettent d'y accéder. C'est fou de voir ça. Quant au reste de la ville, il est sans intérêt, soviétique, moderne et sans charme.

La rue pour les touristes : toute proprette et toute vide
Un porche donnant accès aux vieux quartiers
Blocs soviétiques décorés à l'ouzbèke!

Nous n'avons pas le temps de rouler jusque Boukhara, car nous avons pris trop de retard à Douchanbé en attendant notre visa turkmène : nous décidons de prendre le train. Plutôt confortable : nous avons droit à une séance cinéma avec des séries ouzbèkes débiles. Le contrôleur du train a un job intéressant. Il doit augmenter et baisser le son en fonction des moments de musique et de dialogues.

Sortie du train

Débarquement à Boukhara! Nous rejoignons l'auberge Rumi, une adresse sympa à l'ambiance familiale. Le lendemain matin nous allons faire un tour au centre culturel Isteza, et rencontrons Irina, une femme russe qui gère l'antenne de l'association Caravansérail :  une association française qui oeuvre pour la sauvegarde du patrimoine sur la route de la soie et qui est particulièrement active à Boukhara.  Irina, pleine d'entrain, nous fait visiter l'ancienne medersa dans laquelle se trouve le centre culturel, nous emmène voir une ancienne medersa en ruine, et une troisième qui a été reconvertie en hôtel.

A droite, remarquez la petite fenêtre dans la porte pour le gardien du caravansérail!

Contrairement à Samarcande, la vieille ville de Boukhara est très bien conservée, et c'est agréable de s'y promener. On se perd dans des ruelles sinueuses, entre des maisons en terre ou en brique, et d'anciennes medersas ou d'anciens caravansérails. Faute de budget, un grand nombre de monuments tombent en ruine un peu partout dans la ville.

Une ruelle de Boukhara
Une medersa reconvertie en logements... au rez-de-chaussée, un barbier
Une medersa en ruine squattée par un mini-market

Parmi tous les bâtiments visités, on retient surtout :
- Le minaret de Kalon, campé entre une medersa encore en activité, et une grande mosquée
- Le mausolée des Samanides, avec ses appareillages de briques très travaillés, un petit joyau architectural
- La mosquée avec son auvent en bois coloré, soutenu par des troncs d'une taille impressionnante.
- Le hammam pour femmes que Marion a la chance de pouvoir visiter. Une grotte souterraine, cachée, chaude, humide et pleine de sensualité...!

La ville est parsemée de bassins qui servaient auparavant de réserves d'eau
Les différents appareillages du mausolée des Samanides
La grande mosquée
Les murailles de la citadelle sont impressionnantes (reconstruites)

Le minaret de Kalon
Derrière le porche de façade, 
le bâtiment n'est pas aussi grand qu'on se l'imagine!
Une medersa encore en activité, nous ne pouvons pas entrer
Et voilà, nous sommes le 27 septembre, et demain nous entrons au Turkménistan pour un contre-la-montre de 5 jours. Car le Turkménistan n'est pas cool avec les touristes : il délivre, pour un prix exorbitant, des visas de transit de 5 jours seulement, avec des dates fixes. Nous devrons donc traverser le pays (500km en allant au plus court) au rythme de 100km/jours!
À titre d'entrainement, nous rejoignons aujourd'hui le poste-frontière, à un peu plus de 100km de Boukhara. Le vent est dans notre dos, le relief est plat, c'est de bon augure pour la suite...

Alicheh a amené son guide de conversation Anglais/Ouzbek/Russe
pour pouvoir nous poser plein de questions!
Alicheh et Ranicheh, son petit frère
On est parés pour le Turkménistan!





3 commentaires:

Seb a dit…

Je vous envie tellement...
Après votre court passage en pays turkmène, profitez bien des merveilles de l'Iran. Si vous avez besoin d'adresses à Téhéran ou à Tabriz, on en a quelques unes. N'hésitez pas.

Bisous depuis la Suisse où on espère vous accueillir quand vous y passerez!!!

Unknown a dit…

C'est que vous avez même l'occasion de faire du montage vidéo ! Elle est trop top.
Au fait, je me trompe ou on dirait qu'il fait toujours magnifique chez vous ;o) ?
Continuez de profiter de la sorte !

Anonyme a dit…

Parvenir à faire de l'humour même au bout du bout d'une extrême fatigue, chapeau bas !!!
Magnifique périple, mais cela va sans dire. Il suffit de voir. GG