Iran partie 2 : Téhéran, le centre de l'Iran, et Bonne-maman!
Du 25 octobre au 15 novembre 2015
... À Téhéran, nous avons
rendez-vous! Car dans quelques jours, Anne, la grand-mère d'Étienne, vient nous
rejoindre pour une dizaine de jours!
En débarquant du bus (souvenez-vous, nous
venons d'Amol, de l'autre côté de la montagne), nous voilà dans la grande
capitale. Au milieu d'un trafic de fou, nous rejoignons la maison d'Alireza.
TEHERAN
Alireza est un membre du réseau "Warmshower",
et il nous accueille pour quelques jours dans son univers bien à lui : Alireza est
restaurateur d’œuvres d'art et de monuments anciens,et il y a plein d'objets étranges et
intéressants un peu partout chez lui. Mais Alireza est aussi photographe,
cycliste, alpiniste, et passionné par la route de la soie. Très ouvert d'esprit,
il accueille beaucoup de voyageurs dans sa maison, et beaucoup d'amis sportifs.
Alireza
Réalisation de nouvelles pièces de calligraphie dans l'atelier au RDC
Avec Alireza, nous faisons du scooter à
Téhéran, nous admirons les calligraphies de la collection d’œuvres d'art de
Malek, l'écran de notre téléphone est réparé dans un immense mall dédié au
téléphone (7 étages de haut!),et nous
passons dire bonjour à l'homme salé du musée national. À propos, le musée
national de Téhéran est particulièrement bien fait, pour une fois : on apprend
plein de choses, notamment sur Suse, une ancienne capitale érigée vers 4000av.J-C,
qui se trouve dans le sud-ouest de l'Iran.
L'homme salé (on n'a pas goûté)
Le 29 octobre, au milieu de la nuit,
Bonne-maman apparaît en haut de l'escalator de l'aéroport international Imam Khomeini,
toute pimpante et pleine d'énergie!
De l'énergie, il en faudra : c'est parti
pour onze jours de tourisme "à pied" dans les villes du plateau
central : Shiraz, Yazd, Ispahan, et Kashan. Onze jours intenses. Bien plus
fatigants que le vélo!
Après le grand plaisir des retrouvailles,
nous entamons l'une de nos nombreuses passionnantes discussions intergénérationnelles
à bord du train de nuit qui nous emmène à Shiraz, dans le sud du pays,
pas loin du Golfe Persique.
SHIRAZ
Voici, en vrac, les endroits que nous avons
préférés à Shiraz :
la Mosquée ol-Molk, avec ses vitraux et
ses fresques roses
Les pièces de bois intercalées dans les murs ont un rôle antisismique
Les muqarnas sous les voûtes
La tour penchée de la forteresse de Karim
Kahn
La mosquée Vakil, avec ses colonnes
torsadées
Des motifs floraux très chargés, qui font penser au style liberty anglais!
Coupole dans le mausolée du Shah-e-Chera
Le Bazar
Une spécialité de Shiraz : le Faludeh. Des vermicelles de riz glacés, parfumés de différents sirops.
En hiver il y a surtout des vendeurs de fèves brûlantes, ou de betterave chaude
Un vendeur de parfums... si populaires en Iran
Photos de mode
Cour à étage dans l'enceinte du bazar
le Musée d'histoire, situé dans une
magnifique petite maison traditionnelle
Mannequins en cire de deux martyrs. Celui de gauche a écrasé son avion sur un bâtiment de Bagdad où se tenait une réunion entre généraux, et celui de droite, et bien... c'est pas traduit.
le Mausolée de Hafez, un célèbre poète,
avec son beau jardin et les Iraniens qui viennent s'y promener et écouter
réciter des poèmes.
Un restaurant dans un ancien hammam
Maintenant que tout le monde se
lave chez soi, beaucoup de hammams ont été reconvertis en restaurants. Bien
entendu, nous, on ne résiste pas, et on teste toutes les spécialités.
Tiens, d'ailleurs, il est temps de faire un
petit point sur la gastronomie iranienne :
En Iran, la majorité des restaurants sont
des sortes de fast-food. Pas de hamburgers ni de frites, mais des sandwichs aux
falafels (beignets de pois chiches) et des kebabs. Kebabs de poulet ou de
haché, servis avec une énorme montagne de riz, avec, sur le haut de la
montagne, un paquet de beurre ou de yaourt. Sur le côté, une tomate grillée et
un petit piment doux. C'est pas mauvais, c'est pas malsain, c'est
nourrissant... bref, en Iran, c'est notre repas de référence pour le midi! Pour
accompagner le plat, on boit du doogh, une boisson très rafraîchissante dont
nous sommes devenus complètement addicts : c'est un mélange de yaourt,d'eau, de
sel et de menthe fraîche.
Il y a aussi de "vrais"
restaurants, plus gastronomiques, souvent situés dans les anciens hammams. On y
mange des kebabs, bien sûr, de toutes sortes. Mais aussi d'autres plats
traditionnels, comme le DIZI. Vous le verrez dans la vidéo.
Au final, on trouve que les Iraniens se
nourrissent très sainement. Comme le pays a un commerce extérieur très limité,
tous les produits alimentaires sont produits sur place. TOUS. Même les
"digestives" ont changé de nom, et sont, après la révolution
islamique, devenus des produits iraniens. En général, les Iraniens mangent donc
très "local" et "naturel", car il y a finalement peu de
nourriture industrielle: pain, fromage, fruits... tout vient du coin! Les
fruits, surtout, sont très appréciés des Iraniens, qui en mangent tout au long
de la journée : des grenades, des kakis, des oranges... et surtout, de
délicieuses dates fraîches!
Viande de chameau, crème d'aubergine,...
Nous sommes donc à Shiraz. Près de Shiraz
se trouve le fameux et fabuleux site archéologique de Persépolis. On ne
peut pas rater ça.
Nous y allons en bus (ne jamais croire la
phrase "vous êtes obligés de prendre un taxi), avec Virgile! Car nos chemins
se sont encore croisés, au détour d'une rue, et nous passons donc une dernière journée ensemble.
PERSEPOLIS
Nous avons adoré parcourir les vestiges de
cette fabuleuse cité, observer les bas-reliefs (vieux de 2500 ans, mais encore
fort précis), et imaginer ce que pouvait être la grandeur de l'Empire perse...
Près de Persépolis, il y a aussi une
impressionnante nécropole : un ensemble de quatre tombes royales, gigantesques,
incrustées dans une falaise.
L'escalier monumental
La porte des Nations
Anciens tags de voyageurs... au centre, une signature datant de 1821!
Une des 23 délégations apportant des présents au roi perse
Le gardien des lieux
Les tombes royales dans la falaise
Pour rejoindre la petite ville de Yazdnous
prenons le bus à travers le désert.
YAZD
Le centre-ville ancien de Yazd est entièrement construit en pisé et est remarquablement conservé (il est classé par l'Unesco). Mais, étonnamment, les maisons du centre sont souvent abandonnées.
Une aire de jeu super bien intégrée
Sur la porte d'entrée, deux poignées différentes, pour chacun des sexes. En fonction du bruit, c'est un homme ou une femme qui vient ouvrir.
Le salon ouvert sur la cour intérieure
Une ruelle, et Bonne-maman dans la cuisine d'une maison abandonnée
Les badgirsfont
la particularité de Yazd : ce sont de grandes cheminées de refroidissement, qui
ressemblent à de grands clochers, et qui font concurrence aux minarets des mosquées
dans le ciel de la ville. Elles permettent de ventiler naturellement les maisons.
Sur les toits de Yazd...
Quatre badgirs autour d'une citerne d'eau
Le plus grand bagdir de Yazd, 33m
Petit dèj' à l'iranienne : pain Barbari, fromage frais, confiture et fruits
Les qanats : ce sont des canaux
d'irrigation souterrains qui parcourent toute la ville depuis la source, et
permettent d'amener de l'eau courante potable et fraîche dans les caves des
maisons, des mosquées, et dans les puits publics.
Etienne de retour du fond d'un puit
Maquette se trouvant au Musée de l'eau et représentant un qanat souterrain
A Yazd nous avons aussi bien aimé la Mosquée Jameh, très élancée :
L'iwan (le porche d'entrée) est particulièrement étroit
A la Zurkhaneh, dans un ancien réservoir d'eau, où on a pu admirer les tours de force d'hommes aux bras
musclés...
Il s'agit d'un sport traditionnel iranien, une sorte de séance de musculation en musique
Quand
les Arabes ont envahi l'Empire perse (7ème-8ème s.), ils ont imposé la religion
musulmane en Iran. Mais avant, la religion officielle en Perse était le zoroastrisme.
À Yazd la communauté zoroastrienne est encore relativement importante, et nous
avons pu croiser quelques zoroastriens : les hommes sont reconnaissables à leur
habit et leur chapeau blancs, et les femmes portent des robes et foulards
rouges et blancs. Et surtout, elles s'asseyent dans la première partie du bus!
Car en Iran, femmes et hommes sont séparés dans le bus et le métro. Les femmes
entrent et sortent par la porte arrière, et une barrière marque la séparation
entre les deux sexes.
Etienne à l'avant, Marion et Bonne-maman à l'arrière...
Zones réservées pour femmes sur le quai de métro à Téhéran
Donc, pour en revenir au zoroastrisme :
nous apprenons que les zoroastriens entretiennent une flamme éternelle dans leur
temple, que leur prophète est Zarathoustra, nous découvrons leurs symboles, et
nous grimpons sur une de leurs "tours du silence" : il s'agit
d'immenses tours circulaires, construites au sommet des collines. C'est là-haut
qu'étaient déposés les morts, car les zoroastriens ne veulent pas souiller la
terre en y enterrant des corps.
Le temple du feu zoroastrien, à l'intérieur duquel brûle la flamme éternelle
Représentation du Farvahar, dont les ailes à 3 rangées de plumes symbolisent les 3 grands principes : bonnes pensées, bonnes paroles et bonnes actions. Il est présent sur beaucoup de monuments préislamiques, comme à Persépolis.
Une tour du silence, à l'extérieur de la ville
Au sommet d'une tour du silence... gare aux vautours...
Petit repos, avant de reprendre le bus
À Ispahan, nous entrons dans une "la
seconde moitié du monde", comme on l'appelle...
ISPAHAN
D'abord, il y a la mosquée Jameh, avec de
sublimes iwans et des muqarnas immenses. Il y a le bazar, avec sa pénombre, ses couleurs, ses belles voûtes et son ambiance.
A la mosquée Jameh, des muqarnas gigantesques
Une cour du bazar... un oasis de paix au milieu de l'agitation
L'immense place de l'Imam Khomeini : c'est la
deuxième plus grande place au monde après la place de Tiananmen!
La place de l'Imam (bien sûr, elle s'appelait place du Chah avant la révolution)
Sur la place, la mosquée du Cheikh
Lotfallah et la mosquée
de l'Imam (ex mosquée du Chah)
Bon, Etienne, tu nous réveilleras quand tu aura terminé tes photos!
A Ispahan, il y a un grand fleuve. Le matin, le fleuve était à sec, et l'après-midi, l'eau est arrivée!!! C'était la fête, une foule de monde venait marcher avec l'eau à travers la ville.
Dernière partie de foot avant l'arrivée de l'eau
Dans le quartier arménien, une cathédrale chrétienne. Pour nous, c'est la première depuis très longtemps.
Les styles se mélangent : tapis et carreaux orientaux, fresques chrétiennes...
Le plus petit livre du monde : 3,5x3,5mm, 14 pages, et le Notre-Père écrit en 7 langues différentes
Restaurant arménien
Le palais Chehel Sotoun
Avec de belles fresques qui représentent la vie à la cour du Chah... du vin, des danseuses... on voit même quelques femmes dénudées (mais la plupart ont été effacées durant la révolution islamique)
Et enfin, dernière étape de notre périple
avec Bonne-maman : la ville de Kashan, sur la route du retour.
Une maison traditionnelle : un véritable
palace, avec trois cours, 4 niveaux. Un monde à part, une prison dorée pour
les femmes.
Le jardin Fin, un bel exemple de l'Art
des jardins perse : des canaux d'eau sillonnent le parc pour le rafraîchir, et
se rejoignent au niveau de petits pavillons. Mais bon, en été, ça doit avoir un
charme supplémentaire!
Vendeurs de tapis dans le bazar de Kashan
Dans le bus de retour!
Et nous voici de nouveauà Téhéran, car c'est déjà l'heure de
l'avion de retour pour Bonne-maman. 10 jours, ça nous a paru bien court... et
d'un autre côté, nous avons bien besoin de quelques jours de repos après ce
périple! Nous passons encore six jours chez Alireza, dans cette maison où nous
nous sentons comme chez nous.
Dans le jardin du Golestan à Téhéran
Sur les murs de l'ambassade américaine,
située non loin de la maison, il y a des graffitis assez rigolos. D'ailleurs,
on ne vous a pas encore parlé de toutes ces affiches de propagande antiaméricaine
que l'on voit dans la rue : le drapeau américain sous forme de cible, sous
forme de goutte de sang, Obama dont le visage se fond avec celui de l'ennemi
arabe... il y a en a plein. On a aussi assisté un jour, à Yazd, à une sorte de
manifestation anti-US-RU-Israël. Les trois drapeaux étaient traînés à terre
pour qu'on marche dessus. Des cars d'école amenaient des jeunes pour
manifester. Mais quand tous ces gosses nous apercevaient, sur le trottoir, ils
nous criaient, pleins de joie : HELLO! HELLO! C'était comique.
Un autre type de manifestation "instrumentée"
a lieu le vendredi, dans les mosquées des grandes villes. Ce jour-là, les
mollahs font un discours de prêche et parlent d'actualité à leurs concitoyens.
Mais comme les habitants de ces grandes villes, plus éduqués que la moyenne, ne
viennent généralement pas, il y a des bus qui passent dans les villages
alentour pour ramener du monde devant le mollah (c'est ce que nous avons
compris à Tabriz, quelques semaines plus tard!).
Un autre style moins polémique!
Alireza nous emmène à son club d'alpinisme,
où Étienne fait une présentation PowerPoint de notre voyage à vélo. Nous
faisons également une petite rando d'une journée dans les montagnes situées
juste à la sortie de la ville, côté nord, en compagnie d'Alireza et Mahsa. Pendant notre virée dans le sud,
l'hiver en a profité pour débarquer à Téhéran... et le froid commence doucement
à se faire sentir.
Vue sur Téhéran. De nombreux sportifs grimpent le week-end pour respirer un air plus pur.
Les montagnes enneigées nous attendent...
Voici le petit film :
Un grand merci à Alireza et Mahsa de
Téhéran pour leur accueil et tous les bons moments passés ensemble. Voici
l'heure de terminer cet article, de faire nos adieux, et d'enfourcher à nouveau
nos montures... en direction de l'ouest, évidemment!
1 commentaire:
very nice
I hope you had a nice times in Iran
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