Du 19 décembre 2015 au 4 janvier 2016
Premiers coups de pédale en Géorgie, sous le soleil. Les montagnes arméniennes se sont écrasées, et nous traversons maintenant un paysage de larges collines. En une journée, nous voici déjà arrivés à Tbilissi.
Premiers coups de pédale en Géorgie, sous le soleil. Les montagnes arméniennes se sont écrasées, et nous traversons maintenant un paysage de larges collines. En une journée, nous voici déjà arrivés à Tbilissi.
Juste après la frontière, les paquets de lessive s'alignent sur le bord de la route : beaucoup plus chers en Arménie, car venant de Turquie. |
Allez les enfants courage! |
Tbilissi a l'air tout à fait charmante. Nous nous installons dans un petit dortoir
situé dans le centre ancien, et nous prenons rendez-vous chez le dentiste, car
Marion a la joue droite qui a triplé de volume... Heureusement, rien de grave :
ce n'est qu'un gros rhume! Sitôt rassurés, nous décidons de partir faire un
petit tour dans l'est du pays... avant de revenir à Tbilissi pour accueillir
Nathalie, la maman de Marion, qui doit nous rejoindre dans une semaine!!!
A la
gare routière, nous réussissons à faire embarquer nos deux vélos dans une marchroutka
(un mini-bus) jusqu'à Sighnaghi, un village situé 100km plus à l'est. Ensuite,
en quatre jours de vélo, nous retournons à Tbilissi en passant par la route
des vins de la vallée d'Alazani.
Sighnaghi
profite d'une situation exceptionnelle : ce village est perché sur un
promontoire idéalement orienté, baigné de soleil toute la journée. Mais
surtout, il fait face à l'impressionnante chaîne du Grand Caucase, de l'autre
côté de la vallée. Ces montagnes forment un immense mur naturel qui sépare la
Géorgie de la Russie. Enfin, plutôt que la Russie, c'est la Tchétchénie, le Daghestan,
l'Ingouchie, l'Ossétie du Nord..., républiques caucasiennes constitutives de la
Fédération de Russie.
Nous
suivons une route qui longe et surplombe la vallée viticole, côté sud. Nous
traversons de nombreux villages. A notre droite, par-delà cette vallée toute
plate, la chaîne du Caucase, parfois dégagée, parfois brumeuse. A notre gauche,
toute une série d'églises et de monastères, placés en amont des villages, avec
vue sur le Caucase. Sur les quatre jours de vélo nous visitons dix églises et monastères! A chaque fois, il nous faut quitter la route et grimper quelques
kilomètres pour y arriver. Mais on peut dire qu'on ne s'en lasse pas, car
chaque église est différente et les typologies sont très variées.
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C'est la fin de la saison des grenades, mais pas celle des kakis! |
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Une vrai petite fermière géorgienne! (Marion retrouve le voile avec joie) |
La
vallée est entièrement couverte de vignes. En cette saison, ce sont de longues
lignes rousses qui strient le paysage. Il y a aussi, évidemment, de
nombreuses fabriques de vin. On a d'abord essayé de visiter le château Zegaani,
mais les Porshes cayennes à l'entrée n'auguraient rien de bon. Effectivement :
la visite est hors de prix. Mais quelques kilomètres plus loin, devant l'entrée
d'un grand entrepôt aux vitres teintées, un homme nous fait signe d'approcher.
C'est le propriétaire de l'exploitation. Avec sa très aimable responsable de
laboratoire, on a droit à une visite gratuite de l'usine, dégustation
comprise! En Géorgie le vin est produit de deux manières différentes: il y a la
méthode "européenne", où le vin est élevé dans des fûts de chêne, et
la méthode traditionnelle géorgienne, où le vin est stocké dans des amphores en
terre, ensevelies jusqu'au col dans le sol. On a goûté la différence... rien à
faire, on préfère notre méthode à nous, sans hésitation!
Des amphores en terre devant le monastère d'Ikalto |
Un
soir, alors que nous cherchons le chemin de l'église, un homme nous invite à
boire un coup chez lui. Oh, quel plaisir! Ça commençait à faire longtemps que
n'avions plus été invités dans une famille. Et pourtant on adore ça : voir les
maisons de l'intérieur, observer les comportements, discuter avec les mains,
accueillir les voisins curieux, offrir des spéculoos, goûter le vin maison et
la kompot, faire une photo avant de repartir, embrasser tout le monde.
La canalisation de gaz s'élève au-dessus de chaque entrée : une caractéristique de tous les villages en ex-URSS! |
Le
soir suivant, on est le 24... c'est Noël!!! Enfin, seulement pour nous. Parce
qu'ici, en Géorgie, on fête le Noël orthodoxe, qui a lieu le 6 janvier. Et puis
Noël, pour nous, c'est surtout la fête de la famille, et ce soir on est tous
seuls sous la tente... heureusement qu'on a quand même une petite bouteille de rouge pour
nous tenir compagnie, hé hé hé!
Le soir de Noël, on campe devant cette église, au milieu de la forêt |
Nous
faisons aussi un petit détour en descendant dans la vallée, pour aller visiter
la cathédrale d'Alaverdi encore entourée de murailles
La
route que nous suivons depuis le début est signalée comme une autoroute sur
notre carte : deux larges trais verts. En réalité, c'est une petite route de
campagne toute paisible. Et même, ce soir, "l'autoroute" se
transforme en piste. Nous voilà à gravir un col sur 30km de pierraille... le
genre d'imprévu qu'il faut pouvoir accueillir avec le sourire!
Il
y a une dernière église, en haut de la montagne, sur notre gauche... on y va?
On n'y va pas? Allez, on pousse jusque là en espérant pouvoir y planter la
tente. Bien nous en a prit : en haut de ce chemin abrupte et caillouteux, au
milieu de la forêt, se trouve la plus charmante petite chapelle qu'on puisse
imaginer.
Dernier
jour, gros challenge : rejoindre Tbilissi, parcourir 100km avant la tombée de
la nuit, avec 20km de piste pour commencer et 2 cols à passer. On ne fait pour
ainsi dire pas de pause, sauf à midi, pour dévorer du pain chaud dans l'unique
boulangerie croisée sur la journée. Et on arrive à Tbilissi avant la tombée de
la nuit. Il faut dire qu'on est très motivés : ce soir, un bel hôtel nous
attend, et à 23h30, nous retrouvons Maman-Nathalie à l'aéroport!
Dernier coup d’œil sur la chaîne du Haut-Caucase... |
C'est le premier pays où on trouve des forêts de hêtres comme en Europe |
En freinant devant la porte d'entrée du Rooms Hotel, nous observons, amusés, la réaction du garde chargé d'aider les clients à porter leurs bagages. Nous sommes obligés de lui confirmer trois fois que nous sommes bien clients de l'hôtel! Le pauvre, il faut dire que c'est pas évident : deux cyclistes boueux, en pantalons k-way, cheveux sales et chaussures déchirées, qui débarquent dans un hôtel de luxe, ça ne se voit pas souvent!
La femme de ménage a dû être surprise par notre fil à linge! |
Après
une bonne douche, nous sommes à l'aéroport, accoudés devant la porte de
débarquement. Les premiers passagers en provenance d'Istanbul arrivent. Les
portes coulissent. Un chariot plein de bagages apparaît : non, ce n'est pas
encore elle, trop de sacs... Mais...SI! C'est elle, c'est Maman, c'est
Nathalie! Et... c'est Auriane! NON! Pas possible! Et si, c'est Auriane, la
petite sœur de Marion, qui est venue aussi, en surprise! Imaginez un peu notre
tête. On est trop heureux.
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Youpiiii !!! |
Une
semaine entière avec la famille, ça c'est un beau cadeau! Les retrouvailles
sont super, on papote jusque 3h du matin, et on papote encore toute une semaine
durant.
On
papote dans les chambres, dans la rue, dans le métro, dans les marchroutkas,
dans les églises... et surtout, la plupart du temps, on papote à table, en bons
françaises/belge que nous sommes.
On
découvre ensemble la gastronomie géorgienne : les aubergines aux noix (Badrijani Nigvzit),
les boulettes d'épinards aux noix (Pkhaleuli), les Khatchapouris
(pains fourrés au fromage), le bon vin, le bon pain... on se régale.
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Le soir du nouvel an |
les Tchourchkela, en vente partout : des noix fraîches entourées d'un coulis de raisin. On n'aime pas trop, mais apparemment c'est très apprécié par les Géorgiens |
Entre
le petit déjeuner gargantuesque de l'hôtel et le repas suivant, on trouve quand
même un peu de temps pour se bouger ;-)
La
vieille ville de Tbilissi est très sympa, avec ses falaises, sa citadelle, son
téléphérique, son funiculaire, ses ruelles et ses escaliers, ses églises et ses
maisons de traviole. Il y a aussi une nouvelle cathédrale, construite en 2004,
immense mais sans charme, perchée en haut du quartier arménien.
Pour
nous deux, Tbilissi, c'est aussi la première ville "européenne", avec
un vieux centre et quelques bâtiments d'architecture contemporaine, une
réflexion sur l'aménagement urbain, des rues piétonnes, des petits restos en
terrasse... Ici, avec Maman-Nathalie et Auriane, on se sent presque de retour
chez nous!
Un peu glauque ce panthéon |
Au bazar de Tbilissi, on trouve (enfin) de nouvelles chaussures pour Marion |
Adieu...! |
Dans le métro de Tbilissi |
Il n'y a plus grand chose de droit dans cette façade |
Même dans le centre-ville, il y a beaucoup de maisons qui tombent en ruine |
Au
musée National de Tbilissi, la collection de bijoux datant de l'âge du Bronze
est magnifique. On est impressionnés par la délicatesse et la richesse de ces
colliers et de ces diadèmes dorés. Des figurines de chevaux, de lions ou de
cerfs, qui mesurent à peine quelques centimètres, sont ornées de minuscules
perles d'or, à peine visibles : c'est la technique de la granulation. Une
technique longtemps considérée comme "mystérieuse" par les orfèvres,
qui, en découvrant ces bijoux datant de l'âge du bronze, au 19ème
siècle, ne parviennent pas à comprendre comment les reproduire.
Aux
alentours de Tbilissi, nous allons visiter l'ancienne capitale, et le centre
spirituel de la religion orthodoxe géorgienne : la petite ville de Mtskhéta. Le
village est un peu artificiel, mais la cathédrale de Svétitskhovéli est très
belle, et on a la chance d'assister à un office chanté.
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Dans la marchroutka |
Mtskhéta |
Attention Auriane, y'a le prêtre qui arrive!!! |
Nous
marchons aussi jusqu'au monastère de Djvari, situé de l'autre côté de la
rivière et de l'autoroute, et qui surplombe Mtskhéta du haut d'une haute
colline. Pour l'anecdote : comme dans beaucoup de pays où la voiture est encore
la reine, lorsqu'on veut marcher, il faut trouver le chemin par soi-même.
Imaginez la scène : nous voilà à traverser une autoroute, en courant, entre
deux camions, avec Auriane qui porte
dans ses bras un chien errant recueilli sur la route!
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Le photographe photographié |
Le
nom du monastère de Djvari signifie "monastère de la croix" : car
c'est ici que sainte Nino, au IVème siècle, aurait convertie la famille royale
à la chrétienté et aurait élevé la première croix de bois, à la place d'un
temple païen. Une croix dont les bras sont incurvés vers le bas, faite en
sarment de vigne et nouée avec les cheveux de sainte Nino, qui aurait opéré des
miracles, et aurait alors attiré de nombreux pèlerins venant de tout le
Caucase.
Sainte Nino et sa croix |
A
Mtskhéta, sur la place centrale, deux hommes nous invitent à trinquer avec eux.
Une petite rencontre joyeuse, arrosée de vodka, pour Étienne, et de jus pour
les femmes. Une fois les présentations faites, Auriane se trouve rapidement un
prétendant particulièrement amoureux... Il ne suffisait à Nathalie que
d'acquiescer, pour que sa fille soit mariée!
Nous
nous rendons aussi à Gori, la ville natale de Staline. Nous visitons le musée Staline au pas de course, guidés
d'une main de fer par une dame en fourrure noire et veste en cuir. "Ici,
bolcheviques très connus. Ici, grands révolutionnaires!" Un musée très
rigolo, car il a été construit du vivant de
Staline, et n'a presque pas changé depuis. Tout sur l'enfance, la vie
privée, et la vie politique de Staline... quasiment rien sur ses crimes, sur les
grandes Purges, les Goulag, ou le culte de sa personnalité! Par contre, on a eu
la chance de pouvoir entrer dans le wagon personnel blindé de Staline, et dans
sa maison d'enfance, whouahh!
Le wagon personnel de Staline |
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Staline "l'homme d'acier" devenu Sosso le petit nain, hi hi! |
Non
loin de Gori, près du village de Ouplistsikhé, se trouve un étonnant village
troglodytique qui date du Ier siècle av. JC. Bousculés par un vent puissant,
nous allons voir ces drôles de grottes, ces anciennes maisons de roches
creusées dans la montagne, il y a si longtemps. Nous nous abritons à l'intérieur
pour nous protéger des bourrasques, et tentons d'imaginer la vie de cette
époque si lointaine.
Entre
visites, promenades, bonnes bouffes et discussions, le temps file, et déjà une
semaine s'est écoulée. Malgré la neige qui est tombée toute la nuit, l'avion du
retour n'est pas annulé. Zut. Il va falloir se dire au revoir... à dans six mois,
et merci pour tous ces bons moments avec vous!
Atelier couture |
Dernier repas ensemble... |
La petite vidéo:
Dur retour à notre réalité : le froid du dortoir, les pâtes aux carottes, les caries à soigner, les photos à trier. Deux personnes en moins, ça fait un vide. Il est temps de remonter en selle le plus vite possible et de se donner un nouvel objectif, pour tenir le cap. Malgré le froid qui s'est installé, et la pluie qui s'annonce...
Dur retour à notre réalité : le froid du dortoir, les pâtes aux carottes, les caries à soigner, les photos à trier. Deux personnes en moins, ça fait un vide. Il est temps de remonter en selle le plus vite possible et de se donner un nouvel objectif, pour tenir le cap. Malgré le froid qui s'est installé, et la pluie qui s'annonce...
3 commentaires:
Cela fait bien plaisir de constater qu'après des temps très durs, voici enfin celui des réjouissances, presque de la luxure !
Bien dommage que les retrouvailles familiales à l'aéroport n'aient pu être filmées, avec l'invitée surprise... Mais il est vrai que ce n'est pas l'objet premier du blog.
Tbilissi fait bien envie.
Bonne continuation sur la route d'un retour qui n'en finit plus.
Et merci de vos efforts pour nous tenir informés.
Ahhhh le petit son à la fin de la vidéo !!! haha
Que de bons moments avec vous, revenez vite ! <3
Haha excellente la vidéo. T'es trop fort Tinos pour la couture!
(le petit clin d'oeil des dernieres notes de musique m'ont bien fait rire aussi).
Courage pour le retour, vous y etes presque!
A bientot!
Belf
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