Carte du parcours

mardi 26 avril 2016

Grèce : un détour bienvenu



Du 4 au 22 mars 2016
 
Nous sommes sur l'île grecque de Chios, et hier dans la nuit, nous avons raté le ferry pour Athènes. Il a bien fallu trouver un toit où dormir, car un gros orage venait d'éclater... un petit garage en bordure de route a fait l'affaire... mais ce fut sans doute la nuit la plus inconfortable de notre voyage, entre les coups de tonnerre, les phares des voitures qui nous réveillaient en sursaut, et les aboiements de chiens.

Toujours est-il qu'aujourd'hui nous embarquons, cette fois pour de bon. Avec nous des centaines de réfugiés, en grande partie syriens, leur sac sur le dos et leurs couvertures sous le bras. Il y a beaucoup de familles avec enfants, des femmes, des vieux. À bord, des hommes ont placé leurs sièges en forme de cercle pour discuter ensemble sur le pont et des couples boivent le thé sur le tapis plein. Mais pour beaucoup c'est enfin l'occasion de se reposer, le temps de quelques heures.

 
Le ferry éteint ses moteurs lorsque nous arrivons au Pirée, le port d'Athènes. Il est minuit, nous enfourchons nos vélos sans tarder, et trouvons fort heureusement un endroit où planter la tente à seulement 9 kilomètres.

Nous sommes en Grèce pour une quinzaine de jours. Cette boucle-détour n'était pas prévue initialement, mais elle s'est imposée comme une évidence au vu du temps qu'il nous restait avant notre rendez-vous à Istanbul... et c'est aussi l'occasion pour nous de recroiser notre ami Virgile, qui débarque en Grèce dans quelques jours!

Tout d'abord, direction le mont Parnasse! Plaines et montagnes se succèdent, c'est très beau. Nous découvrons avec grand plaisir les cafés et petits restaurants grecs bondés le dimanche, même dans les petits villages. Les murs sont de couleur crème, les places publiques sont bien aménagées, le soleil perce à travers les platanes.

5 minutes plus tard ces deux gamins, pour nous impressionner, ont tagué 
l'amphore située à gauche... On leur a fait comprendre qu'on ne trouvait pas 
l'idée géniale, et puis ils sont partis!
La ville d'Arachova

En redescendant du mont Parnasse, nous arrivons à Delphes, une belle ville antique.
Sur le site de Delphes nous avons la surprise de croiser plusieurs classes de collégiens avec "l'accent du sud" accompagnés de leurs profs et de leurs pions... et oui, c'est les vacances de février en France! On se promène autour du temple de Dionysos, on rigole bien en écoutant les commentaires des ados, et on visite le musée.

Arrivée sur le site de Delphes
 
 
Les pierres sont énormes et elles s'emboitent parfaitement, un vrai petit bijoux!
 
 
 
 
 
Retour au bord de la Méditerranée. En face de nous, le Péloponnèse. On longe la côte vers l'ouest, jusqu'au grand pont qui nous permet de traverser ce bras de mer. Gros vent de face. Une fois sur le Péloponnèse on longe la côte vers l'est jusque Corinthe où nous avons rendez-vous avec Virgile. Gros vent dans le dos. Sur la route nous croisons Erica et Peter, un couple de cyclos italiano-américain, que nous avions rencontrés au Kirghizstan, avec qui nous avions roulé au Tadjikistan, et que nous avions aussi croisé en Ouzbékistan... Encore un coup du génie des cyclo voyageurs, qui joue à les faire se rencontrer sans cesse de par le monde!

Un peu trop d'Ouzo...
 
Table de plage
Non, je ne me goinfre pas...je profite à ma façon
 
Après un accident, les grecs construisent des mini-chapelles en mémoire des 
morts, ou pour remercier Dieu si il n'y a que des blessés. 
C'est pas mal non plus pour la sensibilisation à la sécurité routière!
 
Le port de Nafpaktos
 
Le pont permettant de passer du continent au Péloponnèse
Chez les citrons, il y en a pour tous les goûts...
Marion développe un don pour prendre de magnifiques photos quand je mange!

Nous retrouvons Virgile à Corinthe, et reprenons directement nos vieilles habitudes du Tadjikistan et de l'Iran, comme un vieux couple : bonne bouffe et franches rigolades débiles!
On passe cinq jours tous les trois, en faisant une boucle dans le Péloponnèse. Pas de chance, il fait moche tout le temps, pluie et grisaille... mais pour une fois, ça n'entame pas le moral de Marion, qui en fait même abstraction.

Le revoilà!
Et il nous revient avec le printemps! Ici, des bébé-figues.

Sur la route, quelques visites :

Mycènes, une des grandes cités de la civilisation mycénienne, avec ses tombes circulaires et des murs cyclopéens dont les blocs ont des dimensions incroyables.

La porte des lionnes constituée de 4 blocs de pierre
Ils sont fous ces Mycéniens

 

Nafplio, une sympathique ville portuaire, avec une immense citadelle et un joli centre ancien.

Lendemain de carnaval à Nafplio
Le dernier étage c'était chez nous, pour une nuit. 
On a quand même été inondés, donc on est pas resté.
Nafplio vue d'en haut...
 
..et ça se mérite!
 
 

Épidaure, qui était une ville où l'on venait se faire soigner en suivant tout un tas de rituels (purifications à la source sacrée, sacrifices, régime alimentaire particulier, encadrement "spirituel"...) pour, finalement, s'endormir dans un "portique d'incubation"  et se faire soigner, pendant son sommeil, par le dieu médecin Asklépion. Les ruines sont fort abîmées, mais le théâtre restauré est assez impressionnant.


Elle est vraiment douée
 Nous quittons Virgile à la fin de notre boucle, lorsque nous retournons à Corinthe. Nous partons vers Athènes, à l'est, et lui part vers l'ouest. Il va embarquer sur un ferry pour l'Italie alors que nous, nous retournons en Turquie. Derniers  aurevoirs au-dessus du canal de Corinthe!

On a vu des tags "13" partout sur cette route, et à plein d'autres endroits. 
Apparemment il s'agit d'un groupe de supporters du Panathinaikos qui ont 
pour habitude de se retrouver à la porte 13 du stade.
Voilà comment le Péloponnèse est devenu une île...
On se reverra en France!
Un beau paysage bucolique avec sa petite chapelle et... son bateau échoué!

Le lendemain, nous voici à Athènes. Nous y passons trois jours.
 
Dans le musée archéologique, nous retrouvons beaucoup d'objets issus des sites que nous avons visités à vélo : Mycènes, Épidaure, Delphes. Tout est beaucoup mieux expliqué ici, et nous avons enfin une vue d'ensemble sur les différents âges de l'Antiquité grecque. Nous aimons particulièrement l'art pré-mycénien, mycénien, et l'art minoen, avec leurs représentations d'animaux marins.


Le lendemain, nous grimpons sur la colline de l'Acropole. Il y a beaucoup de touristes... il fallait s'y attendre! Mais bon, par rapport à la haute saison, c'est probablement très calme. Voilà le Propylée d'entrée, le sanctuaire d'Athena Nike (Athéna la victorieuse), le Parthénon (on se rappelle nos cours d'histoire de l'architecture, à propos de ses proportions et de la légère inclinaison de ses colonnes), l'Erechthéion (tout en finesse, en complexité, et décoré de ses cariatides).
Puis, plus loin, l'agora avec le beau temple de ..., et des restes de tholos et de bouleutêrion. Une grande stoa a été entièrement reconstituée pour abriter le musée de l'agora : c'est sympa de voir à quoi ça pouvait vraiment ressembler! On révise sur le fonctionnement de la démocratie athénienne. Bref, on n'arrête pas d'apprendre des choses... espérons qu'on n’en oubliera pas trop!

l'Erechthéion
 
Au moins là je ne mange pas!
Le Parthénon

Le Propylée d'entrée

 
Voilà ce que devait donner les stoas (c'est une reconstitution)
   
Le troisième jour, nous visitons le musée de l'Acropole. Un musée tout simplement génial. Le bâtiment, contemporain, est très bien fait. On commence par monter une grande rampe, comme la rampe qui existait auparavant à l'Acropole. Au premier niveau, tous les objets et toutes les parties de bâtiments retrouvées au Propylée, au sanctuaire d'Athéna Nike ou à l'Héraklion. Au centre : les 5 cariatides. Puis, tout le bâtiment pivote au deuxième étage. On tourne dans une galerie qui a exactement les mêmes dimensions que le Parthénon. Les frises, les métopes et les frontons sont restaurés ou reconstitués (parfois il s'agit de moulures, car les originaux se trouvent toujours au British Museum de Londres... et oui...) et sont placés aux bons endroits, de sorte qu'on puisse bien s'imaginer ce que ça donnait. Tout ça avec une belle vue sur l'Acropole. Vraiment chouette.

 
 
 

 Mais avec tout ça, nous sommes restés dans le centre touristique, et nous regrettons un peu de n'avoir pas trouvé de quartier plus populaire et authentique. Par exemple, pas facile de trouver un petit commerce de quartier... le centre est par contre truffé de restaurants. C'est le troisième jour que nous trouvons enfin notre bonheur, dans le quartier de la halle aux poissons. Un quartier comme on les aime, avec des épiciers, des brocanteurs, des boulangers, des bistrots à tous les coins de rue, et de petits cordonniers cachés au fond de leurs boutiques.

L'atelier d'un rempailleur
Marché aux poissons

Rien que pour ça on y retournerait bien...
 

Et pour finir, Athènes, pour nous, c'est peut-être la ville la plus taguée et graffée que l'on connaisse : il y en a partout. Que ce soit de simples graffitis ou des perles de street art, on ne s'ennuie jamais dans les rues d'Athènes!

 

 Un petit mot encore sur ce que nous avons pu observer des conséquences de la situation économique du pays. Nous avons tout de suite été frappés par le nombre de commerces fermés, autant dans les campagnes que dans les villes. Une patronne de café nous l'a bien confirmé : les affaires ne vont pas fort. Pourtant, nous, nous n'avons ressenti aucune morosité dans l'esprit des Grecs. Au contraire, une joie de vivre toute simple, un bonheur de l'instant présent pour ainsi dire... où chaque café se déguste tranquillement, en terrasse, gorgée après gorgée, jusqu'au marc de café.
Les rues sont très vivantes, et les cafés sont tous squattés par des bandes de vieux copains!

 
Poissons grillés, tzatziki, mezze... à commander les uns après les autres, 
pour rester une après-midi entière à passer du bon temps
 
Nous avons également été marqués par l'attitude des Grecs vis-à-vis des nombreux mendiants syriens qui occupent les trottoirs. Jamais nous n'avons vu de Syriens chassés des restaurants, jamais nous n'avons observé de méchanceté ou de râle-bol. Au contraire. Nous avons vu des gestes de douceur et des signes de compassion.

Dernière vue sur l'Acropole
 
Lorsque nous retournons au Pirée pour embarquer sur le ferry du retour (nous faisons de nouveau escale sur l'île de Chios avant de rejoindre la Turquie), nous sommes très surpris : en deux semaines, un immense camp de réfugiés s'est installé sur le port. Devant des centaines de tentes, des bénévoles jouent au foot avec les jeunes syriens. Nous, nous passons à vélo devant eux. On se sent bizarres. Quelle chance, quelle terrible chance, quelle chance injuste nous avons d'être nés là où nous sommes nés.

Camp de réfugiés sur le port

La vidéo :
 
 À bientôt en Turquie!

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